Science-de-la-liaison

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Heidegger.


"Approche de Hölderlin" - Martin Heidegger -

L’humanité en appelle toujours à cette époque lointaine, où elle croit devoir entendre, à juste raison, l’unisson pleinement harmonieux de la nature et des hommes, l’épopée brillante de représentations et d’images que fut l’hellénisme.

Dans une marche constante, l’affirmation des consciences n’a eu de cesse de promouvoir écrivains et poètes en quête de volupté, de belles apparences mêlées à une connaissance profonde du mythe Antique ; le Sublime d’où se sont exprimés les thèmes fondamentaux de la pensée. A la mesure de Nietzsche « l’opposition entre le monde apollinien et le monde dionysiaque, entre la mesure, l’apparence, la forme d’un côté et l’ivresse, l’extase, l’oubli de soi de l’autre. Ou pour le dire autrement, entre le voile du rêve et la puissance destructrice de la vérité ».

Hölderlin est resté profondément attentif à conserver l'accomplissement de l’esprit olympien dans une œuvre prophétique au langage pure, une région de la conscience profondément enracinée dans la symbolique du rayonnement d’Apollon sauvant Dionysos de son déchirement oriental.

Notons ici que Hölderlin n'a été reconnu qu’à partir des travaux entrepris par Nietzsche.

C’est bien certains, qu’en premier lieu, la parole du poète, à peine dite, échappe à toute garde, car elle conserve le fond de l’essence même de l’être, ce qui ne peut être dit autrement que poétiquement, les poètes sont nos étrangers, chez qui le Sacré est dans la parole poétisée le médiateur du Céleste, car nul doute « C’est poétiquement parlant que l’homme habite sur cette terre ».

Hölderlin est nourri par le Divin, omniprésent, il est le tout, les origines est précisément la parole poétisée, c’est pas uniquement ce dernier  qui viendrait à s’exprimer par Hölderlin mais bien cette volonté, le libre arbitre, du poète d’essaimer à sa patrie, son peuple, les origines d’un commencement céleste par lequel s’exprime la nature même de l’être, de l’être poétique ; l’homme n’est plus artiste, il est l’œuvre d’Art, par quoi le divin apaise dans la joie et le retour à la terre.

Aussi bien le sens Sacré contient en substance l’essence de l’apaisement, l’omniprésence du Divin, phénomène «médiat » dans « l’immédiateté » , universel et partout à la fois à tout instant, admet que la question de l’être n’a pas à céder au désespoir du vide ; pour autant que l’existence de Hölderlin nous laisserait entendre le contraire.

Ce poète de l’entre-deux nous est proche, car il réunit et nous fait habiter le monde des hommes de la terre et des dieux, dans la joie la plus pondérée ; mais pour ce grand dispantiateur de lumière, attrapé par la noire mélancolie du destin, esseulé dans le vestibule de la folie, …………….ces mots « la conscience à ce fameux de détotaliser la totalité, et par elle s’exprime le Divin, selon quoi nos angoisses n’ont plus raison d’être… ».

Les grecs ont « imaginés » l’anthropomorphisme Divin pour rendre cette proximité désormais supportable, nul doute que l’idéal de Hölderlin est tourné vers ces premiers pas du regard de l’être pour l’être ; mais nos illustres ont fait converger la foi au chevet de l’esprit tragique, les dieux devaient à présent s’affronter sous le regard médusé des hommes, les Grecs qui connaissaient mieux que personne les frayeurs et les horreurs de l’existence ont transfiguré l’origine même du désespoir à travers cet Art bouillonnant de lucidité qu’est la Tragédie Attique.

Aussi bien, la catharsis opérant dans la tragédie, laquelle mît en évidence l’honnêteté profonde des Hellènes contre les éléments, à l’Un-primordial, montre que le poète semble animé des mêmes préoccupations, de rechercher cet embrasement originel en l’homme, concentré sur le fond de son Être-là, confondu à la quadripartie qui inonde de sa pureté éblouissante. La parole poétique éveille ainsi le réel ; pour autant que le poète en soit exclu :

« C’est seulement ainsi que la contrariété  peut se manifester dans l’extrême acuité de son altérité ».

Exclu car Hölderlin est ce navigateur qui entend et salue des plus hauts degrés de l’Art Grec, frappé qu’il fut par le rai d’Apollon. En un sens, cette parole est si proche et malgré tout si lointaine « le poète colonise » qu’on imagine difficilement un Platon, en son temps, condamnant cet hymne universel qu’est l’élégie « Retour » :

« Ainsi je suis seul. Mais toi, au-dessus des nuées,

Père de la patrie ! Puissant Éther ! et Toi,

Terre et lumière ! Trois en une alliance qui régnez et aimez

Dieux éternels ! Avec vous je suis allé dans mon voyage,

Vous, Ô joyeux, je vous ramène, moins novice ! »

 

Si le mythe Grec est si puissant, c’est qu’il donne du plaisir, celui de se projeter hors des contraintes de l’existence. La parole poétisée par Hölderlin réunit sous des sentiments analogues dans une réalité encore plus profonde et tend à apaiser nos angoisses. Le retour à la « terre », la « patrie » sous la lumière ardente du Divin apaisant, rendu à la sérénité par la parole poétique.

On peut dire que la tendresse constitue le trait fondamental de la popularité des Grecs, ce combat constant du cœur pour libérer les hommes de la servitude – « le belliqueux héroïque » au sens d’Héraclite – ressort dans cet union poétique de la réflexion de l’Être et du beau, la parole poétique de Hölderlin constitue un témoignage bouleversant en direction de la phènomènologisation  du concept Grec.

 

Hölderlin n’est pas juste ce grand poète, car ici la parole se double d’un idéal, celui devenu rare des grands philanthropes et protecteurs du destin. L’élégie exige la fidélité à la terre natale, mais aussi le retour à soi…., c’est le langage de la loi historial de l’Être :

 

« Car l’esprit n’est pas chez lui au commencement,

Il n’est pas à la source. Il est en proie à la patrie

L’esprit aime la colonie, et l’oublie vaillant.

Nos pleurs et l’ombre de nos forêts le réjouissent

Lui, l’accablé. Celui qui donne l’âme se serait presque consumé ».

 

Ce vers est l’essence même de l’idéalisme allemand, rappelons que Schelling est le plus proche ami de Hölderlin, au sens où l’Être en soi de l’esprit  exige le retour à soi-même, à la réalité qui surgit à partir de l’unité de son Être, si bien que cette pensée nous évoque le retour aux origines même de la volonté, elle constitue donc le principe inviolable de la subjectivité inconditionnelle contenu dans la métaphysique, de son étendue absolue et philosophique.

On pourra spéculer des heures durant sur une prétendue étiquette philosophique chez Hölderlin, alors que chacun doit seulement se demander si nous appartenons à ses poèmes, en quoi la parole poétisée abrite le secret de la proximité de la totalité de l’Être-Un sous le Signe unique de conserver l’univers.

 

Heidegger nous livre une analyse fine de trois poèmes que sont le « Retour », « Comme un jour de fête «  et « Terre et ciel » ; mais on comprend combien il est plus aisé d’exprimer un ressenti. Si bien que j’ai souhaité un avis tourné vers la partie insigne du mythe, les racines antiques où se sont exprimés les plus hauts degrés de l’Art, ce « Signe » qui caractérise toute la sureté et le sens le plus noble de la parole poétique de Hölderlin.

 

Heidegger nous livre de précieux éléments de compréhension :

« Si l’esprit veut jamais devenir l’esprit de l’histoire d’une humanité sur cette terre, il faut que les pensées poétiques de l’esprit s’assemblent et s’accomplissent dans l’Âme du poète, pour autant que celui-ci, sur cette terre et pourtant par-delà cette terre, montre le ciel et, montrant ainsi permet que la terre apparaisse dans son Éther poétique ».

 

« Et Haut de l’Éther jusqu’à l’abime en bas

Selon un ferme statut, comme jadis, tiré du chaos Sacré,

L’esprit se sent à nouveau créateur »….

 

L’esprit du poète ….

 

Conclusion :

On peut sans difficulté oublier une chose…. Par égard à l’inconfort qu’elle suscite ; mais on peut aussi « s’oublier » quelque part, parce qu’au contraire ce quelque part nous enveloppe de sérénité, de Volupté et d’Amour…. Il n’est pas rare de s’oublier chez Hölderlin, sa parole nous capte par l’innocente clarté du « Signe » et nous en pouvons que saluer le sens Sacré à l’épreuve, dans un dévoilement pénétrant de l’âme humaine.

Le signe poétique transmis par Hölderlin est rare, il est Sacré car il consacre l’Être de l’âme humaine.

Le signe, ce particulier, a en lui le pouvoir « rare » de provoquer l’unisson des consciences, de rassembler le propre d’une vision dans l’univocité d’un destin conjoint et heureux, c’est pourquoi il est si rare de capter ce cachet authentique dans le paysage désolé du monde accidenté par la confusion.

 

Cette lumière philosophique à ma fenêtre me remplit de satisfaction, de joie et d’espoir, elle inonde ce relief sidérant des bassesses de l’âme humaine, [[ où tous ces esprits malsains, calculateurs, montrent que le Mal est le trait caractéristique de leur existence ]] je leur assigne cette pensée de Nietzsche :

 

« Ce qui est fait par Amour et toujours fait par-delà le Bien et le Mal »…

 

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25/02/2014
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"Kant et le problème de la métaphysique" - Martin Heidegger -

                                    -o-o- Kant et le problème de la métaphysique -o-o-

                  

L’arraisonnement du périmètre métaphysique ne fait aucun doute, aussi bien pour le corpus philosophique que pour l’intuition visant apodicticité de l’être de l’étant ; mais cette intuition, briguant la pensée synthétique, peut très bien admettre que la métaphysique relève de la non-réponse philosophique. Considérons la problématique du langage, Platon montre déjà les conventions, l’usage bigarré d’une terminologie métaphorique besogneuse, reliée à son thésaurus autographié (dialogue entre Cratyle et Socrate), Platon annonce la collision entre l’image et l’univers à définir par l’intentionnalité dialectique, car nous usons bel et bien d’un type de vocabulaire précis pour relater l’hétérogénéité de l’étant, précisément de l’être de l’étant ; mais s’agissant de « l’aléatoire » métaphysique, à quoi vient prétendre le prisme langagier, vacuité sémantique, voire agitation philosophique  ?  Wittgenstein a presque mis un coup d’arrêt à davantage de spéculation dans ce domaine : « Sur ce dont on ne peut parler, il faut garder le silence…. » ! Si bien qu’aujourd’hui, pour nos  philosophes d’un âge nouveau, la métaphysique péricliterait, pour autant la vraie question serait de connaître la nouveauté à l’initiative dans le questionnement philosophique sans se borner à une critique  « institutionnelle » du périmètre langagier dont la répétition, pour quelques uns,  provoquât une sorte de germination philosophique occulte absolument incompréhensible. D’ailleurs, si des critiques ont été formulées par les philosophes analytiques, notamment à partir du postulat logique du langage, force est de constater que cet examen liminaire, « déconstructif »,  ne dénonce l’hégémonie du questionnement, et n’impacte en rien la révélation du prisme psychologique déjà mis en évidence par Kant. Car c’est finalement le cœur, le pivot décisif par lequel l’homme correspond et fait résonner la question cruciale qui est celle de l’être. La matière véritable est celle de l’attitude. Précisément, en adoptant l’attitude : l’intentionnalité promue par la limite kantienne on s’écarte naturellement du périmètre d’une grammaire métaphysique inertielle. C’est du reste davantage révélateur à l’être s’agissant de réponse à l’étant.

La  philosophie de Kant nous révèle de toute évidence les écueils de la subjectivité opératoire et nous enseigne l’horizon à dépasser -  comme la métaphysique suggère les conditions de la possibilité et inversement le champ concret de la métaphysique analytique est déterminé par le champ de possibilités - , chez Kant la limite opératoire est la condition intangible d’une transcendance intuitive et prospective : « l’imagination pure…. » « La Raison pure » ; rares sont ceux à avoir digérés et complétement assimilés le kantisme, Husserl tout comme Heidegger en font dignement la démonstration par la phénoménologie intentionnelle. Aussi, lorsque la grammaire est peu ou prou influencée par une logique formelle, on remarquera cette disjonction presque fatale à la connaissance humaine, seulement un concept juste, mais définitif. C’est probablement à partir de ce postulat arbitraire que la lecture de « Kant et le problème de la métaphysique » révèle toute sa « vanité », car Heidegger nous propose, c’est certains, la compréhension de l’unité d’un système, avec toutes ses défaillances, mais sans laisser d’entrebâillement, une lucarne ouverte sur le dialogue, lui-même ne reviendra jamais sur le contenu original de son essai, pourtant irritable de l’avis de ses pairs et de lui-même. Le thème de cet essai sera traité de manière plus générale dans « Sein und Zeit »*, celui d’un kantisme possible par la mise en évidence d’une répétition dans Le système : l’arraisonnement métaphysique : « ….c’est précisément en posant ces questions sans réponse que nous affirmons notre humanité….. »  Gadamer.

C'est ainsi que l'apport positif de la "Critique de la raison pure" de Kant réside aussi dans la mise en route d'un travail pour dégager ce qui appartient en général à une nature et non dans une théorie de la connaissance. Sa logique transcendantale est une logique apriorique s'appliquant au domaine d'être à étudier, la nature." * Etre et temps.

 

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27/10/2013
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"Essais et conférence" - Martin Heidegger -

- Essais et conférence -

 

Heidegger ne laisse pas indifférent, fut-ce une véritable jubilation que d’assimiler une pensée aussi brillante - Qu'on ne saurait contourner si l’on souhaite approcher La question à poser… - ; Heidegger a bâti une passerelle invisible et non moins lucide entre l’épopée présocratique et la pensée moderne, entre l’aube et certains diront le crépuscule d’une réflexion philosophique en perdition.
Quel que soit le système philosophique, le recours aux origines grecques est presque un référencement logique, de la sensibilité hellénistique d’un Nietzsche qui voit la renaissance de la pensée tragique après la mort de dieu au systématisme ordonné du développement hégélien…, la lumière apaisante des doctrines antiques marque le point du jour d’un horizon philosophique, et la lueur qui succédera n’aura de cesse d’éblouir grand nombre de penseurs. 
Heidegger repose la question restée en suspens depuis Parménide, Héraclite et autres comparses présocratiques : « Qu’est-ce que l’être ? » ; l’attitude d’Aristote est celle d’un logicien pour qui la question relève plutôt d’une hiérarchisation, de méthode à méthode, physicaliste : « soit il n’y a pas de science de l’être, soit la « science » de l’être n’est pas une science, soit l’étude de l’être est soumise à un traitement spécial, proche de la dialectique », or l’ontologie elle-même est inclassable, elle est seulement interrogeable à souhait, pour autant la position d’Aristote est explicitement la plus problématique, au titre qu’elle transcrit la forme définitive de la philosophie des temps modernes, la plus complexe en soit, celle dont le propos est le plus sujet à caution, le sol de la réflexion était favorable à la controverse théologique. On pourrait croire que la théorie des idées de Platon n’a pas « l’être » en ligne de mire, pour Platon « l’idée » de « l’idée » est sa permanence, « l’idée » de la perpétuation survient avec l’aspect, un rocher est un rocher et rien ne permet d’affirmer la maniabilité du concept, tout comme l’inflexion de l’essence ; bien qu’il surnomma Parménide : « Le Grand… ». Ces remarques préliminaires formulées chez Aristote et Platon distinguent « l’être » et la « pensée », c’est aussi pourquoi elles énoncent le questionnement digne d’intérêt, tout en coopérant à la pensée des débuts, nous suggèrent distinctement les préoccupations actuelles : « l’être » et le « devoir » ; Les révélations de Parménide sont : « L’être est… », « Le non être n’est pas », « L’être et la pensée ne font qu’un… », ainsi la substance décisive fut posée sur le marbre antique.
Heidegger reformule La question, en une terminologie tenace et équilibrée, l’assujettit au « dévoilement », son célèbre « Dasein » ; aussi quel dévoilement n’est pas liminaire en soi, la curiosité devient alors mère nourricière et lucarne ouverte sur le monde. Si bien que chemin faisant, nos certitudes sont déjouées par ce même dévoilement, fenêtre béante sur le monde moderne, sa technique, le rapport « manichéen » des sciences à la nature, dans quelle mesure le champ d’application scientifique, si rationnellement complexe, peut devenir aux yeux de chacun une résolution d’intérêt, sans pour autant détenir la clé du théorème, de sorte que ce voile influent soit cause finale et efficiente d’une méditation projective. 
[ La question de « l’être » chez les grecs était de toute évidence liée à leur cosmogonie, bien qu’en théorie elle comportât un éventail de choix multiples, les préoccupations qui visassent le mystère des origines devenaient le miroir du mythe et l’objet d’une narration théogonique de la naissance du monde que nous laissent entrevoir les textes d’Homère, Hésiode etc…L’intuition d’un monde voilé nécessitât alors ce narcotique si remarquable et privilégié que fût la pensée tragique et le mythe tragédien. Que peut-on en conclure, s’agissant du processus de formation de la réalité que « conjure » notre temps ? La technique tout comme la marche inéluctable du dessein scientifique ont enchâssé le hasard des éventualités et repousse sans cesse le voisinage d’une métaphysique immuable, mais la question n’a jamais été si cruciale, et comporte en elle l’essence d’un humanisme que les croyances des temps jadis excluaient. Accusons le scientisme, comme le fit Nietzsche, ou prétendons comme Husserl à la crise des sciences européennes, la question demeure la même : Que peut-on faire pour améliorer le sort de l’humanité ???? La grande question que soutient Heidegger est d’une étendue philosophique sans commune mesure, et je loue ici sa profondeur, tout comme la prétention intempestive du projet, une pensée hors du temps se réunissant dans la durabilité de ses concepts. A moins que l’humanité se désolidarise de son projet éthique dans les prochains siècles, la philosophie d’Heidegger aura été alors un bien funeste présage. L’avertissement d’Hegel sonnerait ici comme un glas : « Pour dire encore un mot sur la prétention d’enseigner comment doit être le monde, nous remarquons qu’en tout cas, la philosophie vient toujours trop tard. En tant que pensée du monde, elle apparaît seulement lorsque la réalité a accompli et terminé son processus de formation……Lorsque la philosophie peint sa grisaille dans la grisaille, une manifestation de la vie achève de vieillir. On ne peut pas la rajeunir avec du gris sur du gris, mais seulement la connaître »].
L’intention d’Heidegger – le disciple-dissident – avoisine explicitement le projet crépusculaire d’Husserl, la « Krisis » réveiller (et accomplir une fois pour toutes) sous la forme de la philosophie transcendantale phénoménologique absolue cette immanence de la raison en l’homme, qui définit aussi et surtout son humanité.
« Essais et conférences » est l’une des œuvres majeures d’Heidegger, on y ressent l’intuition virtuose et le déchaînement d’un humanisme sans égal, la sensibilité poétique, et l’influence d’un Hölderlin, qu'il considérât avec admiration.

 

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20/09/2013
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"Etre et temps" - Heidegger -

-o- « Etre et temps » -o-o-


Heidegger pose la question de l'être à la différence des philosophies antérieures, précisément avant Descartes, où seul l'étant était interrogé, ce faisant sur une base anthropologique naïve ; déjà chez Aristote l'ontologie de l'être se voulait consubstantielle à la métaphysique « une science de l'être en tant qu'être » (cf. hiérarchisation aristotélicienne des disciplines scientifiques), qu'on pouvait dès lors déterminer comme insoluble sans questionnement préalable ; Heidegger nous précise d'ailleurs que la question soulevée comporte en son sein une difficulté quant à l'essence du questionnement et sa finalité ontologique : 1- L'être est le concept le plus général ; 2- le concept d'être est indéfinissable ; 3 – L'être est le concept qui va de soi, ce triptyque pris en considération, on conçoit la difficulté pour Aristote de s'en tenir à une problématique formelle de l'être. Or l'ontologie est le bras armé du questionnement que suggère Heidegger, elle est la finalité ontique revenant sans cesse en question dans l'étant à partir duquel l'être définit son ontologie, c'est-à-dire son sens d'être. 
« le sens de l'être de cet étant, que nous nommons DASEIN, va se révéler avec la « temporellité ».
Aussi déterminer ce que l'ontologie a pour thème est l'essence même de l'intention philosophique, intention prise par Edmund Husserl, dont l'héritage phénoménologique (cartésien) nous livre l'œuvre de constitution fondamentale au monde, où le sens d'être d‘Heidegger se réclame d'une mise en évidence d'un être de l'étant occulté, que l'entreprise phénoménologique a pour tâche d'éclairer, une mise en évidence des « arrière-mondes », « ce droit aux choses même », cette manière d'accéder à et de déterminer légitimement ce que l'ontologie a de masqué, c'est la mission du phénoménologue ; prétendre que les philosophes de l'antiquité pratiquaient une « phénoménologie-cartésienne » n'est semble-t-il pas dénué de sens, du sens d'être dans cet étant : « C'est justement parce que les phénomènes ne sont d'abord et la plus souvent pas donnés que la phénoménologie réponde à un besoin. le concept d'être-occulté est la contrepartie du celui de « phénomène ». C'est seulement que la question chez les grecques relevait plus de l'étant en tant que révélation sensible de la vérité, un concept excluant le cercle vicié de la subjectivité se réclamant d'elle-même (cf. la réaction virulente de l'aéropage d'Athènes contre Socrate). de sorte qu'en regardant l'héritage des présocratiques et le projet subséquent de la philosophie on admette que trop peu l'orthodoxie analytique où l'ontologie côtoie un utilitarisme diachronique. le fil d'Ariane philosophique nous livre une perception anthropologique progressive, où la question du sens d'être sera bientôt au centre du débat philosophique, certains philosophes tel que Nietzsche émettront de légitimes réserves quant au pouvoir supérieur que s'arroge la philosophie, et l'axiomatique de la phénoménologie notamment, bien qu'elle lui soit postérieure, remarque au demeurant pointée vers la dialectique socratique et le platonisme d'une vérité absolue : « que donc la pensée sinon se penser elle-même ». On peut noter qu'Heidegger attache une importance toute particulière à la philosophie de Nietzsche qu'il considère comme La prise de position fondamentale face à la métaphysique : « C'est l'étude de Nietzsche qui a fait passer Heidegger du point de vue de la remonté au fondement de la métaphysique à celui de son dépassement ». En effet pour Heidegger le concept de volonté de puissance représente en fin de compte la forme ultime de celle de la subjectivité conçue à la manière des philosophies modernes.
« L'ontologie de la vie se fait par voie d'interprétation privative ; elle détermine ce qui doit être pour que puisse être quelque chose de tel que rien-que-vivre »
Heidegger marque une césure avec le courant de l'individuation historialisée de Dilthey, on note que la structuration psychique comporte une base ontologique secondaire, laquelle s'incrémente au même titre que la problématique de l'anthropologie biologique, quant à la question du genre d'être à l'étant ce « questionnement » nécessite un spectre plus large, non thétique, l'époché globale d'Husserl en quelques sortes, l'ontologie non positionnelle du DASEIN n'excluant les soubassements ontologiques de la vie. Voyons ici une dénaturalisation du DASEIN : « le DASEIN pour sa part ne se détermine jamais ontologiquement quand on le pose d'abord comme vie ». Pour autant on peut s'interroger sur la place que laisse Heidegger à l'herméneutique catégoriale du procédé psychique quand il nous affirme que «les actes sont quelques choses de non psychique » soit on comprend que c'est la place du « moi » qui prévaut ici du « je » en tant qu'il se détermine comme justification réflexive (res cogitans) de ses actions, lesquelles parviennent en second plan du procédé existentialiste, et tout en inversant le rapport Heidegger justifie l'auto-reflexivité non thétique et pourtant ontologique de son DASEIN, c'est l'apriori qui prévaut ici ; les indices annonciateurs à la détermination projective de son DASEIN ns sont livrés, l'essence existentialiste est suggérée, Sartre : « Etre et néant » ; dont le texte comporte bien plus que des analogies parfois !


La grammaire philosophique d'Heidegger, qui faut avouer est catégoriquement plus accessible que le codex sartrien, mais au demeurant aussi sophistiquée dès lors qu'il s'agisse d'exprimer par les mots l'anhypothétique disposition de l'être à l'étant, de prétendre formuler, d'énoncer les attributs de son DASEIN ne peut que formuler une direction, vers laquelle la primauté de l'être-au – au sens de la révélation phénoménologique – sera dévoilée en tant que « comportement adéquate », non-thétique puisque le DASEIN est dénaturalisé donc a-théorique ; de sorte qu'une remise en question fondamentale du monde sensible est présupposée, une redéfinition du tronc commun théorique, de la connaissance dans son ensemble, c'est de cette manière que le scientifique objective la cadrature de son activité, rationnelle par ailleurs, que l'artisan est afféré dans son métier. Cette attitude pré-phénoménologique de l'être-au monde n'est pas que l'affaire des philosophies et philosophes. Elle est au fondement même de l'activité humaine et de chacun.
« Etre et temps » est une possibilité où l'être est révéler dans la quotidienneté par sa curiosité, une mobilisation temporalisée du DASEIN envers la vérité historique du monde, et non cette foi usurpée ds la vérité que Nietzsche nous dépeint ds « Humain, trop humain » :
« C'est parce que l'homme a cru, durant de longs espaces de temps, aux idées et aux noms des choses comme à des æternæ veritates, qu'il s'est donné cet orgueil avec lequel il s'élevait au-dessus de la bête : il pensait réellement avoir dans le langage la connaissance du monde. le créateur de mots n'était pas assez modeste pour croire qu'il ne faisait que donner aux choses des désignations, il se figurait au contraire exprimer par les mois la science la plus élevée des choses ; en fait, le langage est le premier degré de l'effort vers la science. C'est la foi dans la vérité trouvée dont, ici encore, ont dérivé les sources de force les plus puissante ».

 

 

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18/07/2013
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