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"Critique de la raison pure" - Emmanuel Kant -

- Critique de la raison pure -

 

Critique de la Raison pure :

« Que puis-je savoir ? « , si la dimension spéculative de la raison a de tout temps animé le débat philosophique, on peut sans conteste affirmer que la « Critique de la raison pure » franchit un cap, comme ce fut le cas chez Descartes et son idéalisme sceptique, Kant affiche d’ailleurs clairement sa prédilection pour les sceptiques qu’il considère au même titre que Hume, celui qui le sortît de son sommeil, comme la plus probe des souscriptions au tâtonnement philosophique,  puisque la Raison n’a jamais fléchit ses efforts dans cet édifice en mutation perpétuelle, il est clairement plus judicieux de ne point affirmer de règles à l’endroit où de toute manière la raison sera ipso facto confrontée à sa limite intangible ; cependant, on peut considérer que la pensée obéit nécessairement à une architectonique pour construire son œuvre, la table des catégories de jugements représente à cet effet la contribution la plus géniale qui soit, même si la terminologie nous laisse un peu perplexe si l’on tente d’en préciser la dynamique, Kant en formule la légitimité de fort belle manière : «(…) ces catégories sont précisément ce dont le rapport à l’expérience possible doit constituer a priori toute la connaissance pure de l’entendement et ce dont le rapport à la sensibilité en général exposera intégralement par cela même (um deswillem) et sous forme de système tous les principes transcendantaux de l’usage de l’entendement » ; au même titre, la formulation des antinomies de la raison parachève l’œuvre initiatrice, car l’antithèse légitime la thèse, ce rapport est crucial dans la compréhension des antinomies, et dans la prétention de la raison a son système rationnel « pur a priori » capable de repousser les limites de la connaissance connue : L’idéalisme transcendantal.

Kant a, de la manière la plus impénétrable qui soit, décomposé le périmètre de la Raison humaine, en posant le canon de la psychologie moderne, depuis l’ego-cogito cartésien le Moi révélait en effet la substantialité non définie de l’être pensant, et de fait l’objet de la psychologie, seulement Kant a récusé le paralogisme cartésien qui ne pouvait finalement se constituer juge de la pensée autour de la seule assertion empirique « Je suis » ; en définitive le canon n’a pas forcément avancé davantage, mais le génie de Kant, dans ce domaine, est d’avoir posé les prolégomènes de la personnalité du sujet.  

Ainsi, les « idéalismes » qu’ils soient dogmatique ou bien sceptique ont montré leur faiblesse à l’endroit où la dialectique transcendantale montre une relative ouverture. Précisons aussi que la critique de Kant à l’égard de ses pairs est toujours menée avec justesse, lorsqu’on dit d’un philosophe qu’il doit fournir des preuves, il est clairement appréciable de considérer que les arguments avancés dans la critique s’inscrivent dans une démarche d’élévation de la doctrine, sans qu’il soit nécessairement question d’attaque virulente, en ce sens on peut considérer la démarche de ce grand philosophe comme l’analogon des modes de pensée antique.

Enfin, il convient d’atténuer la réputation qui pèse sur la « Critique de la Raison pure », lorsqu’on nous dit qu’il s’agit d’un texte inabordable, complexe, réservé aux savants comme semblait le croire Nietzsche alors qu’il se destine plutôt au psychologue, c’est priver le triptyque de sa première marche essentielle, « Que puis-je savoir »,  « le mot de complexité, lui, ne peut qu’exprimer notre embarras, notre confusion, notre incapacité de définir de façon claire, de mettre de l’ordre dans nos idées… » nous dit Edgar Morin, si nous simplifions sans cesse la signification des choses, en nous déchargeant de tout effort par une adjectivation grotesque de l’essentiel, tout en nous en détournant, on peut considérer à juste titre la régression sinon d’une époque celle d’un Idéal.

 

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Il semble évident que résumer une pensée philosophique majeure, telle la pensée kantienne en quelques lignes peut sembler périlleux voire condescendant à l’égard de l’étant philosophique, de la même manière on ne peut prétendre avoir lu Kant, sa lecture est une intention en perpétuel devenir, une compréhension sans cesse réinterrogée  ; cependant certaines idées, caractérisant la clef de voûte du système réclament une mise en évidence préliminaire : cette configuration intermédiaire transcendantale entre le concept et son jeu de perceptions qui soumît la philosophie kantienne, sa subjectivité-relative à la transfiguration de son sens, l’amenât à estimer l’opposition entre l’objectivité rationnelle et le subjectivisme transcendantal (si bien qu’il considérât que la réalité nouménale, « la chose en soi », prolégomène de la raison, ne pouvait être que circonscrite à la seule faculté de connaitre les phénomènes naturels, la rationalité existante, à la différence de Bergson qui lui pense qu’une réalité nouménale semble résolument appréhendable). Dans sa « critique de la raison pure » Kant est convaincu que sa philosophie anéantit la scienticité rationnelle (subodorant l’ère des lumières), examinant, d’une précision chirurgicale, les fondements qu’éludent la science quant au sens originel de son existence, accusant ainsi l’adhésion élémentaire à l’empirie rationnelle de son temps. Mais sans se demander quelle serait la modélisation d’esprit appropriée quant à cheminer progressivement vers cette unité de sens nécessaire à la justification rationnelle. Si bien que la philosophie kantienne se caractérise par son manque de radicalisme s’agissant de faire converger sa réflexion en une attitude à visée apodictique, à opérer une époché sous l’égide des interrogations soulevées. Un manque de radicalisme qui ne l’oppose pas forcément à Descartes, mais dont la réflexion préfigure l’époché sans qu’elle soit mise en œuvre, et bien qu’il posât la substance d’une subjectivité transcendantale, il se gardât éloigné de l’épochè universelle, ne garantissant qu’une problématique théorétique a priori. Cette spécificité de la critique kantienne se retrouve dans sa « critique de la raison pratique » ou bien "la faculté de juger" s’agissant de déterminer, pour les prolégomènes moraux, une pratique théorétique : l’impératif catégorique, assurant à son esprit chrétien une relative sérénité. 

 

Extrait :

" Dans le simple concept d'une chose on ne saurait trouver absolument aucun caractère de son existence. En effet, quoique ce concept soit tellement complet que rien n'y manque pour concevoir une chose avec toutes ses déterminations intérieures, l'existence n'a cependant rien à faire avec toutes ses déterminations et toute la question est de savoir si une chose de ce genre nous est donnée de telle sorte que sa perception puisse toujours précéder le concept. En effet, que le concept précède la perception, cela signifie simplement que la chose est possible, tandis que la perception qui fournit au concept la matière est le seul caractère de la réalité. Mais on peut aussi, antérieurement à la perception de la chose, et, par conséquent, relativement à priori, en connaître l'existence, pourvu qu'elle s'accorde avec quelques perceptions  suivant les principes de leur liaison empirique (les analogies). Car alors l'existence de la chose est liée à nos perceptions dans une expérience possible et il nous est possible, en suivant le fil conducteur de ces analogies, d'arriver, en partant de notre perception réelle, à la chose, dans la série des perceptions possibles. C'est ainsi que nous connaissons, par la perception de la limaille de fer attirée, l'existence d'une matière magnétique qui pénètre tous les corps, quoiqu'une perception immédiate de cette matière nous soit impossible d'après la constitution de nos organes. En effet, d'après les lois de la sensibilité et d'après le contexte  de nos perceptions, nous arriverions  à avoir dans une expérience l'intuition empirique de cette matière, si nos sens étaient plus subtils, mais la grossièreté de nos organes ne touche en rien à la forme de l'expérience possible en général.  Partout donc où s'étendent la perception et ce qui en dépend, en vertu des lois empiriques, là s'étend aussi notre connaissance de l'existence des choses. Si nous ne partions pas de l'expérience ou si nous ne procédions pas suivant les lois de l'enchaînement empirique des phénomènes, nous nous flatterions vainement de vouloir deviner et rechercher l'existence de quelque chose".

 

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01/09/2013
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