Science-de-la-liaison

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Psychologie.


" Critique de la raison historique " - Wilhelm Dilthey -

- Critique de la raison historique -

 

Dilthey considère que la psychologie doit fonder les sciences de l’homme, au même titre que les mathématiques fondent les sciences de la nature, ainsi en étudiant la vie psychique de l’homme, la psychologie converge vers la réalité empirique et historique du monde : dans son introduction (en 1883), Dilthey affirme ceci : « (…) l’homme, qu’une science analytique saine prend pour son objet, est l’individu comme partie intégrante de la société. Le difficile problème que la psychologie a à résoudre est celui d’une connaissance analytique des qualités générales de cet homme. Ainsi comprises, la psychologie et l’anthropologie sont à la base de toute connaissance de la vie historique, comme de toutes les règles qui président à la conduite et au développement de la société. »
Le tournant de la théorie de Dilthey dispose la psychologie, la structuration gnoséologique intérieure/extérieure face à l’historicité fondationnelle de l’entendement et dévoile sa rencontre possible avec la théorie représentationnelle du sujet pensant d’Husserl, celle-ci « circonscrite » à l’ordonnance d’une intentionnalité immédiate (voir Krisis) ; le rapport à la temporalité est déterminant quant au rapprochement des deux thèses, à laquelle il est convenable d’assujettir la perspective d’Heidegger et son caractère projectif de l’existence humaine : le dasein ; ainsi, chacun emprunte une dimension temporelle distincte et cependant reliée, l’intentionnalité présente d’Husserl, la projection futur d’Heidegger et enfin le relativisme historique de Dilthey ; ou plutôt le présent intentionnel, modalité permanente de la conscience où converge la structure temporelle de l’être. Notons que Dilthey approuve et considère le travail d’Husserl comme la contribution la plus notoire à la philosophie depuis Comte, alors qu’Husserl prétend que la théorie diltheyenne ne peut s’amorcer sans sa phénoménologie ; certes le phénoménologue ambitionne l’attitude naturelle d’un psychisme prédisposé où les chicanes du sens se démêlent et convergent vers la définition d’un monde nouveau ; mais l’attitude représentationnelle s’étiole au profit de l’ontologie positionnelle. Or la perspective de Dithey semble nous indiquer que le pluralisme des occurrences, confrontant le phénoménologue à la réduction constitutive, ne peut se décliner que par la conscience historique de ce pluralisme, si bien qu’une ascendance particulière est vouée au passé, à la composition d’une conscience nourrie et manifeste de la thétique historique, mais qui, par sa mitoyenneté « progressive » au présent intentionnel, reviendra à sa propre antinomie qui est celle du phénoménologue et de toute réflexion philosophique, autant dans la critique kantienne de la raison, chez Hume, Locke etc… c'est-à-dire à proposer une définition de la subjectivité, sans qu’il soit question d’ontologie descriptive, dénonçant ainsi une rationalité spirituelle qui n’est que preuve manifeste de ses prétentions et du spectre qu’elle se propose de couvrir, un monde à la foi ouvert et fermé, dont Sartre qualifiera la perspective du possible de néant. Enfin, si Dilthey semble convaincu que le positionnement individuel de la conscience est avant tout positionnement historique de celle-ci par-delà l’historicité confondante des perspectives, il nourrit néanmoins quelques réserves : « l’antinomie entre la conscience historique et la prétention de toute vision du monde et de toute manifestation de la vie à la validité universelle ». Il nous propose ainsi « le chemin de la solution », sans en décrire la substance. Dilthey semble ainsi nous affirmer que l’expérience est la pierre angulaire de toute construction gnoséologique. [ D’une pensée analogue quand Sartre écrit : « nous conservons continuellement la possibilité de changer la signification du passé, en tant que celui-ci est un ex-présent ayant eu un avenir ». Mais pour Sartre, la conscience non thétique nous confronte au néant : « le pour soi est ce qu'il n'est pas et n'est pas ce qu'il est ». Néantisation appréhendée par la posture existentielle, c'est-à-dire que l’individu fonde son devenir par la mise en œuvre spontanée, mais aussi réfléchie de son être, et de fait, refonde son essence : « l’existence précède l’essence », citation au combien canonique et clé de voute du courant existentialiste, la philosophie sartrienne de la liberté, communément facticité et contingence].

Dilthey est confronté d’un côté à une tendance voulant rétablir l’objectivité des sciences de l’esprit en appréhendant le monde de l’esprit de la même façon que le monde naturel, c’est à dire, en essayant d’établir en son sein des lois causales, une méthodologie nécessaire au corpus, mais dont la sémiologie subjective préfigure la vitalité des champs psychiques existants et interconnectés ; aussi l’esprit nécessite compréhension alors que la nature se suffit de ses éclairages, or Dilthey tente ainsi d’élaborer, non pas l’épistémologie des sciences de la nature, mais la tâche non moins aisée d’une épistémologie universelle des sciences de l’esprit, c’est pourquoi son regard est légitimement dirigé sur l’historicité fondationnelle de l’individuation psychique puisque toute manifestation d’un être psychique est caractéristique de sa structuration individuelle, ci-incluse dans la dynamique historique du monde, où l’atavisme naturel des ensembles interactifs « accrédite » une herméneutique catégoriale où l’individu devient le vecteur passif d’un ensemble de comportements sociaux prédéterminés, à l’inverse l’individuation ne peut se satisfaire d’une catégorisation holistique, c'est-à-dire un système de pensée pour lequel les caractéristiques d'un être ou d'un ensemble ne peuvent être connues que lorsqu'on le considère et l'appréhende dans son ensemble, dans sa totalité, et non pas quand on en étudie chaque partie isolément. Si bien qu’un être peut être fortement déterminé par le tout dont il fait partie, mais ce processus d’individuation ne peut se satisfaire d’une théorie réductionniste à un tout -- (cf. Sartre processus par lequel la liberté se détermine à travers une fin, se constituant comme projet d’ensemble, projet du monde tel que perçu par la conscience non thétique, mais non suffisant pr déterminer le projet initial, c'est-à-dire le « choix » (Sartre ne mentionne à aucun moment Dilthey)) --. Aussi, l’indivisibilité du procédé d’individuation comporte naturellement la complexité du prisme psychique, c’est pourquoi la théorie du tout justifie sa mesure d’herméneutique catégoriale, mais pas seulement. Le canon existentiel de la psychologie : l’opposition entre interne-externe et évident non évident !
Ainsi, par ce positionnel où il n’est plus « étranger » au monde naturel, devient l’expérience de ses possibles (domaine que Dilthey écartera de sa démonstration), il n’est plus le seul sujet pensant, abstrait de la philosophie kantienne et marque une rupture avec la pensée du 17ème siècle. Si la critique de la raison pure s’interroge sur l’épistémologie des sciences de la nature, Dilthey quant à lui se propose d’élaborer une critique de la connaissance, une critique de la raison, mais cette fois historique, d’investiguer les fondements de la raison historique, d’inscrire l’individuation psychique au sein d’une chronophagie déterminée où un processus de compréhension de l’histoire, c'est-à-dire du vécu individuel à son environnement, énonce la possibilité d’une fondation pour les sciences humaines ; les sciences de la nature, quant à elles, demeurent dans l’objectivité de leurs démonstrations, aussi Dilthey sera confronté à l’élaboration d’un système corrélatif des lois naturelles : « C’est dans cette vie que la connaissance est ancrée, par cette vie que la connaissance se construit et peut être comprise . C’est par cette vie qu’elle acquiert un sens et une valeur ». La richesse de l’herméneutique dilthéenne appartient à la pertinence de son individuation psychique historicisée.
On marque ainsi une rupture chez Dilthey, l’objectivité ne peut être conçue comme absolue, il s’agit de lui faire une place plus modeste, néanmoins plus solide. Son défi est donc d’éviter le positivisme naïf, autant on peut s’interroger sur la perspective d’un subjectivisme-relatif inscrit dans l’historicité des ensembles interactifs, lequel permettrait d’échapper à l’inconsistance, au piège d’un relativisme historique, dont on peut trouver des exemples chez Kant, Nietzsche etc..

 

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02/09/2013
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Psychologie - entretien -

 

Le rapport vital cher à Dilthey lie l’être psychique à ses semblables, il dépeint, au-delà d'une herméneutique stérile, une  schizophrénie relative, s’agissant de fixer les degrés de communautarisation où l’individuation, selon le schéma structurant du monde extérieur et forcément mondain, emprunte un déterminisme de causalités primitives, assurant à l’esprit soit une syntonie grégaire, soit sa schizonévrose ou seulement une « géométrie psychique variable », mais souvent névrosée. On peut d’ailleurs admettre que la sensation d’équilibre mental, tout relatif qu’il soit, repose sur une vulnérabilité, ou dit autrement d’un prédisposé communautaire - sous forme de modalisation aristocratique, éducative selon certaines tendances, mondaines, esthétiques dans les cas les plus décérébrés et tragiquement ordinaires - où l’être psychique feint,  (( parce qu’il nécessite de s’inscrire dans cette ataraxie causale – la comédie sociale – cependant renforcée par le degré d’affinité lui aussi causal (bien que l’esprit lui accorde une association…. affective)), l’antagonisme mental authentique. L’assurance, pour la personnalité, d’un contact à la réalité. C’est pourquoi je loue une empathie véritable à la nuance psychique, j’admets  que l’esprit nécessite un repérage déterminant son degré d’équilibre et d’acception communautaire. Est-il nécessaire d’expérimenter le spectre névrosé pour diriger de facto son analyse "clinique" sur un terrain d’objectivité probe, la question m’assaille fréquemment ; l’interprétation psychologique comprend son moi arbitraire et nonobstant éduqué, au prisme insondable qu’est l’in-conscient psychique et son émotivité apparente et probablement l’expérience de la tragédie nietzschéenne dans sa plus pure tentative d’achèvement, comme vecteur psychanalytique du « surmoi » pré-subjectif !

 

Lors d’une approche clinique, le champ d’étude n’est déterminé que dans une mesure catégoriale accordée à l’environnement, à l’historicité sociale du sujet psychique et implique de fait : au-delà de la technè qui ici demeure une variable du talent inhérent au clinicien, parfois son honnêteté : la neutralité de ses opinions, autant que sa désinstitutionalisation s’agissant d’appréhender la singularité de l’entretien, et la multitude de détails dont il apparaît nécessaire de prêter attention afin d’envisager la globalité et l’exégèse de l’investigation  (une forme de phénoménologie de l’esprit comparée, laquelle, de sa structure d’ensemble analytique, permet l’orientation pré-subjective de ses parties intègres, ce faisant, et toujours au bénéfice de l’entretien, ou bien nécessitant une approche thérapeutique, c'est-à-dire admettant la particularité du rapport sous sa perspective temporelle, l’entretien s’incrémentant au profit d’un processus global vers la guérison ou le changement d’état psychique du patient), mais aussi la confiance du sujet et « réciproquement », sans quoi tout diagnostic est à verser dans la fosse commune de l’intersubjectivité dirigée. Sans ces quelques précautions d’usages, autant se limiter à la psychologie clinique « armée »  (test, auto-évaluation) !!!! Enfin l’évaluation doit de fait et par nature admettre sa malléabilité confondante, toute analyse se révèle ainsi potentiellement apocryphe, tout en conservant ce degré d’autonomie subjective ! C’est certainement en admettant sa méthodologie singulière que la psychologie clinique conserve ses caractéristiques premières et proches de l’évaluation individuelle.

La pratique institutionnelle de la clinique confronte le psychologue à une standardisation de son observation, l’objectivation des faits survient par l’utilisation de méthodes comparatives résolues, or la singularité individuelle lui échappe dans la mesure où les précautions épistémologiques de sa méthode  ignorent la subjectivité de l’individu, sa singularité, pour le réduire à une norme institutionnelle dont on peut légitimement se demander ce qui la fonde, à l’inverse, la clinique  ne peut se satisfaire du positionnement individuel sans une cadrature préalable de nominations des difficultés (ici sur la clinique médicale), une indication pré-subjective du diagnostic final. Cette critique invite à analyser, notamment en institution, la fonction que remplissent le psychologue et le rôle confortable pour (l’institution) de l’attribution à un sujet (déviant) de la responsabilité d’un problème dont il n’est peut-être que le symptôme institutionnel ou social ; on parle d’ailleurs avec la  plus grande précaution de risques psycho-sociaux.

La problématique de l’entretien aperçue sous sa perspective humaine, je me suis toujours amusé à constater une certaine analogie entre le mauvais psychologue et le journaliste, pour ce dernier esclave de la page quotidienne -- quand de surcroît celui-ci se trouve animé par l’institutionnalisation du devoir, sacrifiant sa flexibilité réflexive sous le mandement autocratique -- ; il devrait s’interroger sur la procédure d’individualisation qui réduit le sujet à sa propre individualité et l’enferme dans les traits, les mesures et bien sur les écarts qui le caractérisent ! 


03/08/2013
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Introduction à la psychologie clinique. - Jean–Louis Pedinielli -

 

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Pour la clinique freudienne, il est impossible d'établir un diagnostic à partir des seuls symptômes observables. Le diagnostic nécessite une étude métapsychologique, c'est à dire l'étude des phénomènes inconscients, or celui-ci dans une lettre adressée à Fliess dira ceci : « Maintenant la connexion avec la psychologie telle qu’elle se présente dans les études (sur l’hystérie) sort du chaos ; j’aperçois les relations avec le conflit, avec la vie, tout ce que j’aimerais appeler psychologie clinique ».

Le mot « clinique » vient du grec klinê, le lit. Il est longtemps utilisé comme un adjectif et se réfère à la pratique médicale : l’observation par le médecin au lit du patient. C’est à partir de cette observation que le médecin pose son diagnostic et prescrit un traitement. Mais la partie clinique de l’entretien (en psychologie) ne peut réellement se satisfaire de faits observables sur le champ naturaliste et organisé de la vie des individus, la fameuse sentence d’Husserl nous le rappelle : « Déduire n’est point éclaircir…. » ; L’individualisation se constitue par l’être du langage, c’est ce dernier qui constitue et fait exister le sujet, c’est aussi l’instrument essentiel dont dispose l’évaluation clinique pour définir une méthodologie référentielle (soin, suivi thérapeutique …).

 

L’herméneutique moderne implique que la psychologie clinique se confonde avec le pathos (psychopathologie), c’est certain que l’orientation pratique, -- la pluralité des hypothèses, des modes de fonctionnement individuel --, ne peut s’écarter du domaine si singulier des conduites névrotiques - ce thésaurus l'accompagne -, où l’individu se construit un univers propre, détaché de la réalité, de la totalité – d’ailleurs c’est un regard changeant sur la folie dans l’histoire qui constituât la raison de l’émergence des sciences anthropologiques et particulièrement la psychologie. Pour autant celle-ci constitue un domaine très fouillé de la norme, des « conduites dites normales », car c’est communément admis que la psychologie doit s’appliquer à décoder les principes réglés de l’existence, les « modèles sociaux »  -- on retrouvera cette thématique dans la psychanalyse existentielle chez Sartre (bien qu’il ne lui autorise aucune profondeur) -- pas seulement sous les traits du corpus préexistant, ou sous le pouvoir normalisant des institutions.

Ainsi la perspective sémiologique du pathos aiguille le pré-diagnostic clinique, éloignant sinon une discipline qui finalement s’annonce comme le catalyseur naturel des existants sociaux.  

 

Jean–Louis Pedinielli (professeur de psychopathologie et psychologie clinique à l’université d’Aix-Marseille) part des fondations originelles en indiquant méthodologie, principes et conduite de l’entretien pour finalement nous donner un aperçu éclaté des interventions dans les domaines de la recherche, de l’éthique ; le livre ne s’adresse pas seulement aux étudiants, chercheurs etc….mais à tous ceux qui comme l’auteur trouve « …ce domaine (la psychologie clinique) comme l’un des plus passionnants et les plus fertiles tant dans son orientation pratique visant la prise en compte de la souffrance ou des conflits d’un individu, que dans la production de connaissances qui permettent de mieux comprendre, voire d’expliquer, la manière dont l’homme construit son monde ».

 

 


30/07/2013
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