Science-de-la-liaison

Science-de-la-liaison

Kant.


"Critique de la faculté de juger" - Emmanuel Kant.

Les reproches que l’on fait à la philosophie kantienne de rationalisme inflexible ne sont semble-t-il pas fondés, car un lecteur émérite de Kant a forcément à l’esprit que ce rigorisme n’est qu’un trait discursif de la critique, qu’en toute objectivité il y a dans ce cheminement philosophique une volonté d’assurer à la fois des repères concrets dans un édifice complexe comprenant non moins qu’un exercice de synthèse novateur sur la pensée anthropologique, mais aussi, et c’est je crois le critère à retenir, une exhortation claire de la pensée quant à son dépassement, la pensée des lumières…, Kant n’est pas de ces philosophes qui restreignent le jugement à quelques concepts tortueux, bien au contraire, réglé à la précision d’une horloge atomique, l’échelonnement des concepts nous emmène progressivement aux limites de la Raison, d’abord la liberté négative de la raison pure, aussi le thème le plus scientifique de Kant, son principe de légalité pratique, morale, et enfin la circonvolution universelle d’une faculté de juger qui ici entrevoit la perception intime des hommes face à la nature, le règne des fins, à quoi est assujettis la pensée lorsque nous décidons de contempler la sublimité du règne naturel, selon Kant il est pas nécessaire d’être un intellectuel reclus pour appréhender cette juste mesure de la raison, il n’est pas non plus utile de s’exiler en ermite dans les tréfonds de la nature seulement pour en apprécier une vision finalement assez parcellaire, mais bien plutôt d’en considérer l’universalité, en couvrant aussi bien le prisme des aptitudes comportementales, toutes ses inclinaisons sociétales qui laissent courir les plus grands maux sur notre monde ne sont que le reflet d’une impuissance à couvrir nos actes d’un jugement raisonnable, aussi bien on peut taxer Kant d’idéaliste comme du reste tous ceux qui montrerait l’insuffisance de notre temps face aux capacités anthropomorphes, pourtant Kant est bien raisonnable, croyez-moi, la faculté du Juger kantienne montre entre autres l’irrationalité de l’histoire humaine, lui montre les garde-fous contre l’arbitraire, l’irresponsabilité généralisée, cette posture condescendante, et nonobstant non méritée,  des hommes face à la nature, car en définitive si notre univers social s’appauvrit c’est pas la faute des théories malthusienne sur la croissance géométriquement incontrôlée des populations, bien que ce facteur soit réel, c’est aussi et précisément parce que l’humanité s’est autocentrée sur elle-même, on ne peut entrevoir le bien qu’en considération du macrocosme naturel, si ce lien n’est pas si évident, on peut croire que la thèse se vérifie.

Enfin, c’est un enthousiasme général qui ressort de cette réflexion, la profondeur universelle des concepts sur la beauté, l’Art, l’esthétique etc., l’optimisme philanthropique exhale, Kant est le portraitiste d’une humanité vertueuse, libre et autonome. Le cycle des lumières brillera encore pour longtemps grâce à cet illustre penseur, meneur d’une émancipation attendue, à l’aube de la révolution française.  

 

 

745398_2876481.jpg

 

 


05/02/2015
0 Poster un commentaire

Préface à la second édition de la critique de la raison pure.

Pourquoi une réédition, après la parution quelques années auparavant de la fameuse « Critique de la raison pure », ce pivot essentiel du triptyque constituant l'œuvre de la philosophie kantienne : la raison pure, la raison pratique et enfin de la faculté de juger. La question du pourquoi est cruciale car Kant ne se contente pas d'une réédition stérile par appât du gain notamment, d'un texte qu'il méditât durant un long silence de dix ans, mais repense la totalité du premier jet, modifie son texte – dont on sait la complexité – pour mieux répondre à une interprétation caduque, des premières heures, une vigueur controverse qui trop souvent occupe le temps et la pensée du philosophe par défection, seulement parce que celui-ci marque une progression plus opiniâtre sur ses pairs, qu'il anticipe avec lucidité et porte à la connaissance la portion d'un savoir qu'il est nécessaire de soumettre à la raison – si seulement cela put le distraire, car chacun retranché derrière son mur d'airain idéologique, celui du rationalisme dogmatique pour les uns, ou bien la suspicion d'un idéalisme [dialectique] pour les autres démontrant sinon une période d'agitation critique, un agacement à devoir porter la lumière sur des travaux évidemment brillant par leur attrait subversif. Pour autant Kant fut très affecté par ce déchainement tempétueux, car il vînt principalement de son propre camp, de ses anciens élèves notamment, Fichte, Reinhold ….dont les quelques travaux éparses parachèvent finalement l'œuvre du maître. 
Ainsi, une nouvelle préface, qu'il semble utile de soumettre à la première, car dans sa préface d'origine Kant montre, en prime abord, le déclin, l'échec d'une pensée toujours circonscrite à une métaphysique dont l'intérêt du questionnement est voilé par cette hostilité dogmatique à ne considérer la question [de la métaphysique] que de manière frontale ; or c'est justement par une préface d'inspiration négativiste que Kant perçût par la suite son erreur, vers laquelle le criticisme marchât avec fracas d'ailleurs. C'est aussi plus complexe, car toute l'histoire du questionnement philosophique converge à hauteur du rayonnement métaphysique –dont on peut aussi penser qu'il s'agit d'un principe isolé de philosophie, et parfois d'inertie subjectiviste, quand par surcroît la rhétorique langagière porte en elle l'instinct de la méthodologie scientifique –Kant a digéré la physique newtonienne et s'attache à souligner la prééminence des thèses cartésiennes tout en redéfinissant (indirectement à travers Leibniz..) la psychologie de l'ego-cogito. Kant a cherché toute sa vie à démontrer, à anéantir la scientificité rationnelle, il en est d'ailleurs convaincu lors de l'achèvement de sa première critique. Chacun sait qu'il reproche àDescartes la construction psychologique de son sujet pensant : « l'ego-cogito » et le « cogito ergo sum » : « Que le moi qui pense ait toujours dans la pensée la valeur d'un sujet, de quelque chose qui n'est pas seulement attaché à la pensée à titre de prédicat, c'est là une proposition apodictique et même identique ; mais elle ne signifie pas que je suis, comme objet, un être subsistant par moi-même ou une substance »; mais la réalité kantienne de la substance n'est pas plus avancée, elle revient seulement sur le paralogisme psychologique de Descartes, l'antagonisme entre la « vie de surface » et « la vie profonde » est toujours aussi vivace, Kant sépare la réalité nouménale, la chose en soi de la raison…. Il aura cependant déterminé, en posant la « limite » de son système, le caractère insaisissable de la subjectivité opératoire, et ainsi suggéré les prémices de la nouvelle science phénoménologique.
Ainsi donc, la volonté de rééditer son œuvre tient pour Kant à recentrer les principes axiaux de son système critique en coupant court à la divagation fantaisiste, qui trop souvent animée par son dogmatisme inflexible est incapable, selon lui, d'investiguer le champ suprasensible de manière prompte à reconsidérer l'autorité de la raison dans la sphère sensible, aux confins de l'expérience vécue, lorsque la raison éprouve sa « limite » nette –d'ailleurs le mot clé dans le système kantien est : « limite ». Kant a bien compris que l'aspect négatif de sa critique du scepticisme dogmatique - les limites de la raison - doit se renouveler et prétendre à une forme d'optimisme philosophique :
« Je suis à présent occupé ……. A une deuxième édition de la Critique et je m'efforce d'élucider différentes sections de celle-ci, dont la mauvaise compréhension a produit toutes les objections faites jusqu'ici ». Lettre à Jakob 1786.
« Je tiendrai compte (pour la deuxième impression) de toutes les interprétations erronées ou bien aussi des passages incompréhensible…. ». Lettre à Bering 1786.
Nouvelle préface, nouvelle introduction, améliorations, remaniements dans le texte, sont-ce les renforcements que Kant apporte à sa deuxième édition de la « Critique de la raison pure » parue en 1787, l'édition originale datant, quant à elle, de 1781.
Lorsque Kant s'éteignît le 12 février 1804, après la reconnaissance unanime de son œuvre dès 1786, il eut seulement ces mots, remplis de satisfaction :
                                                                         

                                                                       « C'est bien »…. ! 

 

téléchargement.jpg


13/10/2014
0 Poster un commentaire

Analytique du beau - Critique de la faculté de juger. Emmanuel Kant

Je pense que Kant, vis-à-vis de son analytique du beau, a pris une hauteur que ne lui autorise pas la plupart, ou du moins notre époque, puisqu’en réalité son approche du jugement de goût esthétique avoisine la sensation noble,  subjective, éprouvée à la contemplation d’une représentation artistique, réprobation d’un quelconque déterminisme pris à la satisfaction d’un objet. Or si l’on admet que les modes de déterminations (du jugement esthétique) sont aujourd’hui « en partie » affectés aux représentations sensibles d’une réalité rationnalisée par le phénomène de mode, on admettra que le jugement esthétique comporte cette part d’inclinaison populaire, nous incitant à la réflexion, à poser les bases d’un changement d’attitude envers la nature et ce qu’elle nous offre de plus merveilleux, d’autant plus qu’une esthétique sans réel rapport à la nature me semble totalement hors sujet, on ne peut réellement accorder un jugement de goût « authentique » en étant coupé de son état, et encore moins faire preuve d’abstraction, sans froisser ces milieux bourgeois non convaincus que leur représentation du beau se présente comme une « qualité » caractéristique de leur condition, j’avancerai seulement à cette « bobo attitude» que le « jugement de beauté se réfère jamais qu’au plaisir ressenti par un sujet sur un objet singulier », contre l’impureté esthétique des beaux discours. D’ailleurs, ce point d’achoppement de l’imagination montre à quel point le sujet comporte des ramifications dans une maïeutique  plus ou moins confuse  où l’appréhension du quotidien traduit une perte de sentiment naturel  à l’égard du territoire sacré, que celui du « gout » : Kant nous indique à juste titre «  que c’est dans la société qu’il est « intéressant » d’avoir du gout ».

C’est finalement le jugement de qualité qui se trouve atteint par ces représentations facsimilées, lesquelles écartent définitivement de l’essence, de l’invitation à la beauté du règne naturel. En sorte, la régularité du jugement esthétique se présente tel un mimétisme où chacun a conscience d’une représentation en faveur d’une satisfaction qu’il pense désintéressée, mais nonobstant assignée au jugement commun guidé par le désir de satisfaction. Car il faut bien comprendre qu’en matière de jugement c’est l’indépendance contre la substance, sans être illusionné de la quiddité naturelle, qui donne au caractère son autonomie suspensive, et par là on rejoint l’autonomie kantienne à la base du tout un système critique sur la « faculté de juger ».

Ayant bien terni le tableau, on peut maintenant penser que le beau ne comporte aucun domaine réservé, ni de « territoire interdit » comme le nomme Kant, mais compte tenu du fait que le mode de représentation obéit à une certaine logique, il est nécessaire d’extraire son jugement de la logique qu’impose la représentation esthétique. Aussi bien, concernant la beauté des traits du visage, le problème s’en écarte, car ici le mode de représentation parvient difficilement à s’affranchir d’une simplification strictement objective liée à la figuration du sujet (rondeur, nez saillant etc…), compte tenu du sentiment de plaisir associé à la perception d’un « objet » de sens, qu’on peut qualifier de darwinisme primitif, à quoi tout jugement de valeur relatif à la beauté est infondé. C’est évident que la sensation de beauté répond à une fin téléologiquement objective, en prime abord, sinon nul sens nous permettrait d’en « juger ». Pour autant la singularité naturelle du jugement de goût n’est conçue que de manière substantiellement subjective, et aucun jugement univoque sur la  valeur des représentations esthétiques ne permet de s’opposer à cette fonction régulatrice et autonome de la raison, en précédant toute fonction d’appréciation comme caractère original et singulier de la personne.

Ainsi, on saisit fort bien  l’endroit où nous mène la réflexion kantienne du jugement sur la beauté, une philosophie hédoniste, morale, où le jugement de valeur est interrogé sur la distinction entre le beau et l’agréable, cette distinction cruciale entre le plaisir anticipé que produit un désir de satisfaction et montre le périmètre éthique de la considération subjective de la beauté qui se situe avant tout dans notre rapport à l’élément nature dans sa contemplation la plus désintéressée.

 

 téléchargement.jpg


05/03/2014
0 Poster un commentaire

Prolégomènes à toute métaphysique future.

Prolégomènes à toute métaphysique future :

Ce texte est paru en 1783, deux ans après la première parution de la « Critique de la raison pure », il s’inscrit au commencement d’une démarche de justification, d’exprimer plus clairement certains points de la critique demeurés obscurs ; Kant tient à clarifier la position de l’idéalisme transcendantal, selon lui confondu avec l’idéalisme dogmatique (Berkeley), ou sceptique (Descartes). Lorsque l’examen critique, fondé sur un idéalisme empirique, ne prend pas suffisamment en considération le caractère formel et synthétique que promeut la « critique de la raison pure ». Selon quoi la lecture des Prolégomènes doit isoler le principe analytique d’une raison pure pratique (et ce faisant la contre lecture du criticisme), c’est-à-dire postuler le fondement d’une raison pure pas seulement réunie dans ses concepts, mais réelle, un jugement reposant, in concreto, sur le principe de contradiction. Selon Kant il est nécessaire de s’affranchir du concept pour le dépasser, et seule une médiation convoquant l’intuition, « qui ne ment pas », doit permettre une distanciation de la synthèse. De cette manière, Kant use en prime abord de la connaissance mathématique et la science pure de la nature pour démontrer que la réalité est un jeu de l’intuition pure dont la construction permet de retracer le fondement de la nécessité ; exigence à laquelle la fondation d’une métaphysique doit aussi répondre puisque dérivant des concepts de l’entendement, et que la déduction transcendantale des concepts d’espace et de temps explique en même temps la possibilité d’une mathématique pure (intuition synthétique pure à priori - à visée apodictique) ; ainsi la métaphysique se caractérise par l’appoint analytique accordé au fondement subjectif de tous les phénomènes du monde externe (« que tous ce qui est donné à nos sens, au sens externe dans l’espace, et interne dans le temps n’est intuitionné par nous que comme il nous apparait, et non pas comme il est en lui-même », ainsi que « la partie n’est possible que par le tout »), synthèse à priori, ou comme l’indique fort justement Nietzsche : « que ces jugements soient seulement possibles »  - en sorte, comprenons que l’intuition précède son objet, bien qu’elle donne l’illusion d’être empirique, seulement parce qu’elle contient la réalité sensible : l’objet de nos sens, de nos concepts - . Kant tient à montrer la disposition naturellement établis d’une science métaphysique, au même titre que mathématique et science de la nature nous présentent « simplement » les objets à l’intuition. Sans décrire ici le processus à l’ouvrage dans la synthèse à priori des jugements (cf. voir tableaux ci-dessous), on voit bien à quel endroit se situe la philosophie, sa tâche ardue à démêler les concepts, qui dans la subjectivité précède toute impression réelle, mais parvient nonobstant à proposer une base de connaissances éclairantes pour la science et les comportements humains.

[ Pour autant, je m’interroge sur un point à la lecture du corpus kantien, il m’apparait que la déduction analytique des concepts ne peut pas seulement se justifier par égard à l’intuition mathématique des concepts d’espace et de temps, des objets de sens et de leur réalité objective (cela tient uniquement pour asseoir la légitimité d’une science, et notamment la métaphysique par inférence à ces dernières), d’autant plus que ce réalisme euclidien n’accorde aucune fantaisie, voire poésie à la déduction transcendantale, qui selon moi doit dépasser le cadre imposé par son « esthétique » dont le principe intangible, selon Kant, est de rendre objectivement valable (à l’entendement) l’unité synthétique des perceptions, par conséquent de déterminer une unité ou fonction logique de connexion dans les jugements à priori : principe de généralisation des jugements d'expériences par comparaison, et qui les rendent nécessaires à l'entendement (cf. voir tableau). Mais la déduction s’apprécie selon un surcroît de substance comme la chose (constitutif phénoménologique dérivé des lois de la nature), l’acte et l’esprit (et règle le champ intime de la conscience), et Kant n’a pas vu, à priori (cqfd), que la synthèse opère suivant une variable qui est propre à chacun et à lui-même d’ailleurs, laquelle prendra le titre d’Intentionnalité chez Husserl, Wittgenstein ou encore Brentano et verra apparaître des notions nouvelles comme la psychologie descriptive ; au même titre qu’il m’est préférable de lier les concepts philosophiques aux autres etc…. Pour autant, Kant a contribué exclusivement, et comme nul autre, à  rompre avec les idéaux abstrait du 17ème «  le sujet pensant », par l’influence considérable de sa philosophie sur les prémices d’une psychologie à venir ].

La démarche de Kant dans la « critique de la raison pure » est synthétique (le problème est exposé), dans les prolégomènes elle est analytique (distinction des différentes parties du problème de manière à définir La liaison nécessaire, en  substance dans la raison et dont nous allons voir le principes… ). On peut destiner ce texte plutôt aux enseignants, bien qu’il soit plus facile à lire que la critique elle-même, puisque dans tous les cas il apporte une vision plus claire des points de démonstrations synthétiques de la critique, laquelle implique fatigue et effort de compréhension. Kant devient pédagogue devant le vent tempétueux du criticisme !

 

Prolégomènes synthèse-1.jpg

 

Précisions apportées par Kant sur la table des catégories.jpg

 

Kant tente par l’apport catégorique de rendre toute fonction de réflexion logique, laquelle ne peut s’exécuter sans l’intuition sensible à son fondement, ce qui rend finalement tout jugement d’expérience possible ainsi que la validité empirique d’une connaissance étendue, du coup cela tente aussi de répondre à la question épineuse, comment une science de la nature est-elle possible ?

 

Dans cette quête incessante de validité, nos jugements empiriques (entendement) reçoivent une première homologie objective, donc fonctionnelle, du fait que chaque objet de l’expérience est soumis à des lois, et que dans la mesure où l’on connait ces lois (les propriétés d’apodicticité mathématique des concepts d’espace et de temps, à l'avènement des caractéristiques des choses de la nature, les premières s'appuyant sur leur évidence propre, et les secondes suite la confirmation qu'elles ne cessent de recevoir de l'expérience), puis catégories (2ème homologie), ces concepts sont à priori, et déterminent ou accréditent « toutes les propositions qui subsument toute perception sous ces concepts purs de l’entendement », et l’idée d’une raison pure ; reste à déterminer maintenant son mode d’acquisition transcendantal et ainsi tenter de répondre à la question qui intéresse chaque « soldat franc et loyal », à la lutte pour terrasser cette constance morale, et s'ouvrir aux cieux  dévoilés  d'une philosophie cristalline, aux éléments de la connaissance pure et universelle, «Pour les éveillés, il y a un monde un et commun, tandis que parmi ceux qui dorment, chacun s'en détourne vers le sien propre." écrivait Héraclite : Une métaphysique est-elle possible ?

 

Le concept des catégories marque une distance abstraite, nécessaire et mesurable, quant à l’emploi qui peut être fait du point de vue panoramique de l’expérience assujettie à l’entendement. Cette distanciation montre le périmètre de recherche possible en métaphysique, mais tient également à rassurer les plus sceptiques quant à l’absolutisme d’une discipline qui se fourvoierait à rechercher une objectivité quelconque d’un concept d’idée pellucide. Les idées comportent une apparence, tout est subordonné à l’exactitude du regard, Platon par le mythe de la « caverne » cherche aussi bien la luminescence qui guiderait le jugement à la probité, mais ce dirigisme ne prendrait pas le concept d’objectivité de l’idée pour apparent plutôt qu’exact, et tendrait davantage à éblouir l’esprit demeuré un long moment dans l’obscurité, désaccoutumé à la lumière ; ces prémisses ne doivent nous égarer, ni même les plus « optimistes » dès lors qu’il s’agirait d’affubler la raison de tous les superlatifs, le siège de la « cité » est bien ce qui nous intéresse ici, la raison face à sa problématique pure, qui constitue la prétention de la métaphysique à son dépassement.

 

On serait tenté de stopper ici nos recherches que de promouvoir davantage ce qui ne peut être démontré qu’au prisme d’une rhétorique poussive, aussi bien le monde avance, « Tout change, rien ne reste » avançait encore Héraclite, on peut comprendre l’intérêt des plus grands philosophes pour l’illustre penseur d’Ephèse, car ses « idées » sont aussi celles qui nous égarent le moins, une vision tout compte fait assez thomiste du monde, mais résume assez bien la verticalité dialogique entre « penser » et le vouloir penser universel. C’est aussi pourquoi les pensées d’Héraclite sont intemporelles, et trouvent matière à « philosopher ». Mais si comme le prétend Héraclite le monde avance, que rien ne peut subsister définitivement, que la médiation de l’expérience nous fait parvenir à ce constat incessant, nul doute que ces affirmations reçoivent leur validité, de véracité ou de fausseté, d’une éventualité qui subroge bien évidemment les seules apparences (les concepts purs de l’entendement), cette voie lumineuse, régulatrice, est celle de la transcendance, du coup tout concept catégoriel montre ce vers quoi la transcendance peut conduire (sous réserves d’y distinguer les concepts d’idées de la raison et ceux des catégories ou concepts purs de l’entendement), et par effet inverse, propose une décomposition analytique de la métaphysique, du fait intrinsèque de la décomposition Ontologique : telle est la méthode promue par Kant pour innocenter la métaphysique de sa propension spéculative, et l’asseoir définitivement comme science ; qu’elle induise en tentation, ne doit égarer sur sa réelle prétention, de trouver seulement pour objectif, non pas sa subjectivité apparente – et donc « l’idée » de sa subjectivité –, mais plutôt la voie transcendantale qu’elle dessine, son périmètre d’occupation au sein duquel la raison pure montre son étendue ; la Liberté pratique de tout « être raisonnable » montrant cette nécessité constante d’éprouver les principes subjectifs déterminants, de « distinguer la cause dans le phénomène de la cause des phénomènes » par égard à la loi de la nature qui sert à les déterminer.

 

A présent, nous affirmons, et sans contradiction, que la Raison obéit à une nécessité naturelle « à priori », que Kant est parvenu à montrer l’homogénéité de ses principes à travers l’usage erroné qu’il pourrait en être fait en Métaphysique. 

  

                                                                -----------------

 

On peut noter cette distinction catégorique des raisonnements (dialectique) : 1) L’Idée du sujet complet (substantiel) – psychologique – ; 2) L’Idée de la série complète des conditions – cosmologique – ; 3) La détermination de tous les concepts dans l’Idée d’un ensemble complet du possible – théologique –.

 

Important :

Analytique : Prédicat compris ds le sujet.

Synthétique : le prédicat n’est pas inclus dans le sujet (du moins il l’est en abstraction), il ajoute à la finalité du sujet. (Contraire)

 

 

 

 

téléchargement (4).jpg


13/02/2014
0 Poster un commentaire

"Les progrès de la métaphysique" - Emmanuel Kant -

Les progrès de la métaphysique »  en Allemagne depuis le temps de Leibniz et Wolf :

Le combat que Kant a mené pour fonder la métaphysique, « la rendre seulement possible »,  coïncide avec celui de la philosophie allemande, mais il est aussi celui de la modernité, car depuis le bouleversement des lumières, mouvement progressiste européen qui prît son essor au sein de la révolution française et exerçât un magnétisme pressant sur le noyau idéaliste allemand (Fichte, Hegel, Hölderlin), nul n’a questionné la téléologie rationnelle des concepts avec autant de ténacité que les prolégomènes Kantiens,  disposant  la métaphysique en tant que système de base à toute notion philosophique ; par l’instauration du fondement de la métaphysique, Kant est parvenu à rendre son dépassement possible, c’est-à-dire qu’un cheminement « étapes par étapes » du sensible vers le suprasensible nous est donné par la mise en structure d’un système critique :  « Critique de la raison pure ».

Kant a procédé à deux éditions de sa « critique de la raison pure », l’une en 1781 puis une réédition remaniée en 1787, dans sa deuxième préface Kant met le criticisme au pilori, et particulièrement deux stades préjudiciables à l’instauration d’un fondement possible, la pensée dogmatique, puis celle plus ancienne des sceptiques, Kant résume parfaitement toutes ces tentatives : « La raison anéantit elle-même ses essais…. ». Il nous indique que depuis les préoccupations Leibniziennes, puis Wolf son héritier, la question de la métaphysique n’a plus progressé, pire elle s’est emmurée et ne répond plus à ses attentes. Sans référence, ni accusation directe contre ces derniers, il faut nécessairement comprendre que Kant assigne la métaphysique, met en évidence le calvaire d’un dogmatisme conceptuel hérité de l’école wolffienne, ce sur quoi elle illustre sa défaillance, déficit à proposer une « ouverture » nécessairement fondamentale au questionnement qu’elle doit susciter, l’architectonique de la rhétorique académique a-t-elle seulement permis ce dépassement vers l’au-delà, le suprasensible :  «L'idée qui domine ce système est qu'il est possible de fonder la connaissance sur la pure déduction et que, par suite, le principe d'identité est le seul qui domine toute connaissance » (wikisource : Wolff) ; ou bien, cet examen, parfois supplicié de langage, offrant en réalité le sol théorique d’une connaissance qui en substance métaphysique n’a aucune prescription d’usage, n’aurait de sens que pour ses quelques contradicteurs, paralogisme psychologique pour les uns, ou systématisme dialectique pour les autres, dont certaines éventualités avoisinent quelquefois l’antinomie.

« L’intelligence profonde du kantisme……se dirige vers une interprétation critique de l’essence même de la métaphysique ».

Kant reproche à la philosophie intellectualiste ce critère essentiel, demeuré insoluble chez Leibniz, de n’avoir pu saisir la nécessité d’une intuition « pure » à priori seulement capable d’appréhender le champ des concepts de l’entendement, et la décomposition contingente qui fonde l’expérience et le domaine de l’ontologie. Si bien que dans cette logique de plan, l’espace est conçu comme une structure où tous les concepts ont un rapport réciproque entre eux et indépendamment de toute intuition sensible, on saisit indubitablement le non-sens, et précisément l’omission d’une quelconque psychologie empirique, quand bien même elle ne fut suggérée. Selon ce type de rationalisme, le principe d’identité des indiscernables devient ubiquitaire, or il s’agit là d’une absurdité « monadique », ennuyeuse quant au principe intangible d’une intuition «pure »  déterminant tout concept. Comment rendre possible, dés-lors, l’instauration d’une métaphysique, pour ses métaphysiciens d’un autre âge, si et seulement si, l’intuition sensible (fondant l’expérience) n’est pas considérée comme la pierre de touche d’une réalité à l’origine d’un fondement possible. De toute évidence, dans ce type de système, c’est l’harmonie qui est mise en exergue, laquelle trace un pont directe jusqu’au matérialisme de Démocrite, mais chacun comprend que le repérage dans l’espace, l’intuition à priori, implique nécessairement, et supposément un contraire préétablis entre l’appréhension du réel et son non-réel :  « La force motrice » de l’intuition pure, réceptive à discerner la réalité du monde sensible. Tout système à priori, n’impliquant l’expérience, nécessite une intuition elle-même, et nécessairement à priori, mais qui, dans la dé-composition conceptuelle, intègre le champ de l’expérience.

 

Outre l’emballement sur le déterminisme des fins cosmiques, où « dieu, la liberté et l'immortalité » forment une fin ultime par quoi l’accomplissement d’un « souverain bien » devient possible, mais reste malgré tout contingent d’une liberté, volonté absolue ayant droit au suprasensible, qui par suite de l’enseignement subjectif devient reconnaissante des « lois » morales – nonobstant par adhésion moralo-dogmatique* ; Kant nous livre ici l’appétence affective de sa philosophie, avoisinant le rituel au crépuscule  de sa vie, qui non seulement le conduit (ici) à la contradiction, car on ne peut prétendre à une liberté substantielle en tant que constituant interne, tout en ressentant cette créance dogmatique* au commencement d’une foi religieuse, mais pourrait faire croire que l’instauration d’un fondement possible de la métaphysique, c’est-à-dire son mode d’application intelligible,  est catégoriquement dirigé de par le chemin tracé par l’improbabilité théorique de la nature des objets suprasensibles, dit autrement sur l’illusion de l’enseignement théologique des fins. On retiendra donc la prudence chrétienne (prudence = critèrium recherché ds la quête du "bonheur") que Kant assigne au cercle métaphysique, car si l’improbabilité de certaines lois est avérée, il convient aussi de mesurer le degré de réalité dans une relation subjective - au sein du périmètre et bien au-delà, car c’est bien dans « cette direction » que la raison pure esquisse sa fin ultime, et démontre que la Métaphysique est par là la seule perspective qui conduirait à l’achèvement, bien que celui soit hors de portée.

 

Kant saisit que le monde doit progresser vers le « mieux », bien qu’aucune théorie ne permette d’en justifier le mobile auprès de la raison pratique, et du coup se sent tiraillé par l’enseignement théologique  des fins comme si la raison pratique « la conduite de l’homme ici sur terre » devait être à l’image d’un accompagnement divin abstrait : la connexion moralo-théologique, qu’il refuse dogmatique, pour autant qu’un « souverain bien » ne peut être conçu que selon ce critèrium ; cependant, ce  qu’il considère comme impossible d’un point de vue théorique doit l’être sur le plan pratique, ainsi donc la théologie-morale peut être considérée comme  « accessoire », un atout substantiel sur quoi la liberté doit considérer ses possibilités, si la perception du monde doit être accordée avec une théologie-morale, il n’en reste pas moins que pour l’accomplissement d’un «produit moral », celui-ci exige le libre arbitre, mais l’homme en tant que cause responsable de ses actions, ce que la philosophie leibnizo-wolffienne ne prétend pas. 

 

Ce texte a la particularité d’être inachevé, il fut publié à titre posthume par Rink (l’ami de Kant) - la question porte elle-même cette part d’incomplétude, à laquelle Kant fait directement référence en début de texte : « C’est une mer sans rivage, sur laquelle le progrès ne laisse aucune trace, et dont l’horizon ne renferme aucun but visible en fonction duquel on pourrait percevoir combien l’on s’en est approché » -. Celui-ci nous livre toutefois des indications précieuses sur les axiomes tangibles à la fondation d’une métaphysique possible :

« Le troisième et le plus récent pas que la métaphysique ait fait, décisif pour son destin, est la critique de la raison pure elle-même, quant à son pouvoir d’étendre à priori la connaissance humaine en général, que ce soit eu égard au sensible ou au suprasensible. Si cette critique avait fait ce qu’elle promet, à savoir déterminer l’ampleur, le contenu et les limites de cette connaissance, si elle l’avait fait en Allemagne et précisément depuis le temps de Leibniz et de Wolff, alors le problème de l’Académie royale des sciences serait résolu ». Kant.

 

[ Mais dès lors où la question est posée avec l’ordonnance perspicace de la « fin » qu’elle suppose : « déterminer les questions avant de s’apprêter à les résoudre », doit-on retracer le contour du périmètre à coup de rhétorique « complexe » pour une question dont l’achèvement porte au-delà du périmètre que suppose la « critique… » pour autant qu’elle soit circonscrite à la raison. Ce point appelle notamment l’attention sur la finalité des philosophies analytiques, en particulier leur prétention à conduire, par l’analyse philosophique du langage, à l’explication philosophique de la pensée. Le cas du « Tractacus » montre que le but final – qu’est-ce que la connaissance ? – n’est pas atteint, les clés sont à chercher ailleurs que dans une terminologie logique proche de l’occultisme, car prétendre que le sens de l’essence du monde doit être recherché dans ce que le langage est susceptible de proposer, n’est-ce-pas un truisme, une réalité évidente que Wittgenstein a tenté de dissimuler sous ses allégories conceptuelles  ; bref en quoi distinguer le bavardage de la philosophie incontestable, de l’ouverture nécessaire sur la connaissance universelle dont l’humanité ne saurait se passer ].

 

téléchargement (1).jpg


31/01/2014
0 Poster un commentaire


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser