Science-de-la-liaison

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Dostoïevski.


"Le Joueur" - Fiodor Dostoïevski -

- Le Joueur -

 

Œuvre épurée, voire incomplète pour certains, ou réfraction à atourner un sujet qui pour l’auteur relève du reflexe compulsif difficilement domptable, chacun sait que Dostoïevski s’est ruiné au jeu, qu’il composât « le joueur » désargenté, pris tout autant dans cet engrenage infernal de la dépendance obsessionnelle captive que d'un rapport équivoque à l'argent. Aussi faire d’un microcosme sordide - ce lieu de réunion cupide où règne l’âpreté névrosée de la faiblesse capitaliste - un sujet d’étalement littéraire, pourquoi pas ; mais pas chez Dostoïevski !! La concision littéraire s’inscrit chez lui par la réplique alternée de situations existentielles où les personnages conjecturent la condition humaine sans jamais corrompre l’âme et l'identité russe (d’ailleurs les Français et les Allemands en prennent pour leur grade), et notons, sans s’attarder en physionomie perspectiviste, aucune séquence n’est accordée au panorama, au grand dam de Schopenhauer !?! que ce soit dans « crime et châtiment », « les frères Karamazov » etc... Pour autant, ses personnages nous livrent assidûment la syndérèse justifiée d’un univers sans artifice, sans jamais négliger le noyau communautaire, Dostoïevski nous fait réfléchir sur la condition exsangue de l’existence. Alexeï Ivanovitch, jeune précepteur au service d’une caste familiale gouvernée par un général retraité, revoit Pauline Alexandrovna, belle fille du général, dont il est éperdument amoureux, celle-ci lui demande de jouer au casino pour résorber ses dettes, précisément la roulette, mais la fièvre ne tardera pas à s’emparer du jeune Alexeï Ivanovitch !!
Plus qu’une nouvelle écrite hâtivement - comme j’ai pu le lire trop souvent - Dostoïevski s’empare de la singularité de ses personnages en décrivant des comportements obsessionnels, à l’exhalaison vécue. Je dois avouer que compte tenu ma petite expérience de la roulette, il a touché au but ! 

 

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20/09/2013
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"Crime et châtiment" - Fiodor Dostoïevski -

« Crime et châtiment » 

 

La thématique criminelle est commune en littérature, mais Dostoïevski l’aborde d’une manière assez peu conventionnelle dans « Crime et châtiment », où se confrontent volonté de puissance criminelle et rédemption existentielle – dialogue entre Raskolnikov et le juge Porphyre – 5ème partie ; d’ailleurs on débattra encore longtemps sur l’à-propos d’une étiquette existentialiste, chez Dostoïevski.

Les personnages se parent d’une réelle épaisseur de vérité, outragés par la froideur pétersbourgeoise, les mises en situations évoquent une atmosphère terreuse, sans jamais s’effondrer dans l’indigence. On ressent indéniablement autour de Raskolnikov (le personnage central du Roman) la prégnance du cocon familial et son enchâssement dans la société russe. L’écriture de Dostoïevski est rythmée, ciselée aux environs d’une psychologie opportune, on s’éprend ainsi des motivations de Raskolnikov, en lui cherchant d’éventuels prétextes, mais plutôt que l’acte criminel en lui-même, c’est bien le jugement refoulé, vacillant entre instants de lucidité et folie, que révèle en filigrane la progression funeste et moribonde de Raskolnikov, étudiant cultivé et nonobstant désœuvré. Ce grand Littérateur qu’est Dostoïevski esquisse, pourfend,  la noirceur malfamée des rues pétersbourgeoises, brossant en l’icône de Raskolnikov,  le profil type de l’antihéros littéraire que le lecteur ne rangera jamais au rang de mécréant, considérant la nature antagonique et criminelle de son action.

« La jeunesse cultivée s’étiole et périt dans des rêves irréalisables, elle se perd dans de monstrueuses théories », l’environnement nauséabond dans lequel Raskolnikov médite et tente de se justifier pourrait inscrire son acte comme la volonté de rompre avec ce nivellement des valeurs morales où la loi du talion devient le vecteur d’une justice achevée par l’inertie du pouvoir des justes ; de sortes qu’une théorie pourrait s’échafauder et donner un prétexte presque légitime à Raskolnikov qui innocente son personnage sous l’icône de Napoléon (CQFD).

Dostoïevski s’applique à dissoner, autour des principes organisationnels de la famille russe, les habitudes considérées dans une société où le jugement demeure plus que jamais otage des actes individuels.

Une Œuvre d’une Intensité MA..GIS..TR..ALE !!

 

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31/08/2013
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"Les frères Karamazov" - Fiodor Dostoïevski -

- Les frères Karamazov -

 

Quand l’esprit intelligent mûrit, il nous gratifie des agrumes les plus nobles, la pénétration clairvoyante de la connaissance acquise par un long usage de la vie, et dont les années n’altèrent en rien la perspecuité littéraire dès lors qu’elle se résout à coucher sur papier patiné sa plus belle Lettre, c’est ainsi qu’une œuvre crépusculaire exprime la profondeur la plus insigne du mythe, que chaque idée est preuve irréfutable d’une expérience acquise et étudiée avec soin par l’esprit le plus tranchant qui soit. Au couchant, éclot le spectre rayonnant d’une vie, la pensée à son stade d’accomplissement, les questions telles que religion, fin de vie, famille, moralité, humanité etc.. confluent pour jaillir en une cascade de mots où le plus petit indice recèle l’Aléthéia d’une existence achevée. 

L’intelligence de Dostoïevski était extraordinaire, un psychologue non académique et pourtant chacun des traits mentaux de ses personnages, distillé par une variation discursive ininterrompue, est une assignation « métempsychique ». Dans « Les frères Karamazov », son dernier opus, se voit consigné le tribut que l’écrivain a laissé à l’anthropologie philosophique, comme dans ses autres romans, mais celui-ci en particulier et bien qu’il se disait lui-même ne rien connaître à la philosophie déclamatoire. Il suffira de revenir sur ce passage au combien canonique de l’inquisiteur dans lequel genèse et condition humaine témoignent de leur caducité, laquelle justifie le sentiment religieux au sein du troupeau.

Le procédé narratif utilisé par l’écrivain fait corps avec l’univers des Karamazov, on pourrait croire que Dostoïevski est un personnage du roman tellement l’écriture se veut fusionnelle aux caractères des personnages, et plus que dans ses autres romans, il n’hésite pas à nous livrer ses commentaires donnant au récit une impression actuelle au fil des pages.

Le thème central est celui du libre arbitre, la force de choisir sans aucun motif déterminant et par la seule force de la volonté « versus » le rapport que l’homme entretien à la puissance divine, c'est-à-dire (ici-bas) la religion ; parricide, crime familial, autour des trois frères Karamazov, ou plutôt quatre : Dmitri l’impétueux, « faible et amoureux », Ivan le savant athée et Alexis (Aliocha) le majestueux, homme de foi, celui dont l’opinion inonde l’assistance, que l’infortune familiale jamais ne dérobe à la gloire d’être intègre – ce personnage ne serait-il pas la profession de foi de l’écrivain ? –, puis le fils illégitime : Pavel Smerdiakov (domestique au service de la famille, dont le contemplatif athée ne m’est pas resté indifférent), et enfin, refermons le couvercle ! Fiodor Pavlovich Karamazov le « géniteur » primitif, rustre et sans principe. 

Dès le début du roman, le ton est posé, s’entrechoquent ex abrupto le tempérament ordurier du père et la personnalité bien distincte des trois fils (notamment Dmitri dont la médiation avec le Staretz échoue à apaiser la relation avec le père), représentant chacun, soit l’archétype profilé du caractère sommital russe, soit des attributs singuliers de personnalité, de sortes que la disparition du patriarche ait une résonance antithétique, avec toujours en filigrane le verdict religieux et son exégèse philosophique. Par surcroît en matière de psychologie, il est bien évident que le principe de singularité prime – Freud considère « les frère Karamazov » comme l’un des plus grand livre de la littérature, comme le Pape d’ailleurs (CQFD). On peut oser dire que Dostoïevski est aussi auteur de roman policier, l’intrigue est ficelée autour de cette fratrie triadique. 

Mais avant tout, la vision prophétique de Dostoïevski est déconcertante :

« En occident, Dostoïevski n’a jamais vu que l’esclavage du peuple en faveur du profit et des machines. Le sommet du roman est atteint dans le livre V, partie V, intitulé " le Grand Inquisiteur ". Qu'a apporté le Christ aux hommes ? Qu'en a fait l'Eglise d’Occident ? L'homme veut-il de la liberté ? Qu’est ce qui est nécessaire à sa survie, à assurer sa volonté de vivre ? Dans le volume II, ces idées seront complétées par un dialogue entre Yvan et le Diable. Tout un raisonnement se terminera par la conclusion que Dieu n’existant pas, il s'en suit que l'homme est livré à lui-même. Il n’y a plus de morale et chacun peut se comporter comme il l’entend, puisqu'il devient lui-même Dieu. Yvan est le contradicteur de la pensée de Dostoïevski qui, lui, ne voit le salut que dans le Christ et l’église orthodoxe ».

- CE LIVRE EST UN CHEF D'ŒUVRE -

 

 

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30/08/2013
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