Science-de-la-liaison

Science-de-la-liaison

Fondement de la métaphysique des mœurs - Kant 1785 -

Kant introduit son essai sur la triatomicité de la philosophie antique, ce faisant à bon droit, car « cette subdivision est parfaitement conforme à l’ordre des choses » : la Physique, l’Ethique et la Logique ; et atteste l’héritage d’Aristote et des stoïciens légué au corpus philosophique, depuis lors la pensée nécessitât qu’on y inclut les principes qui régissent ses causes et complètent autant que faire se peut l’éclatement conceptuel qui inondât de sa lumière le sol antique à l’aube d’un jour providentiel pour la pensée universelle. 

Si à la base cette subdivision n’oppose réellement aucune barrière, il est évident que plus entre dans le vif du sujet, plus on s’efforce d’étaler l’arborescence notionnelle, plus l’empirie (l’expérience) se confronte à la logique, pour finalement n’être plus qu’une logique ; or il est indubitable qu’une métaphysique des mœurs s’affranchisse de toute logique puisqu’une volonté ne peut être conditionnée par la logique ex-nihilo, c’est la LIBERTE luttant contre les carcans idéologiques. Seulement la raison ne peut revendiquer sa liberté tout en étant détachée des lois morales, sinon comme nous l’indique Kant : « nous serions dans un pure rien, le néant …. ». C’est ainsi que Kant nous propose de revenir au fondement même de son système critique, ce sur quoi la raison pratique consolide son assise : l’impératif catégorique. Peut-on reprocher au 17ème l’a priori d’un système, à l’époque où les notions d’ordre psychologique étaient confondues à la philosophie, pourtant, Kant propose probablement l’un des premiers modèles convaincant de hiérarchisation du psychisme sur quoi la faculté de juger avec entendement est aiguisée par l’expérience. Marchant, d’une précision synthétique, sur les traces du dualisme cartésien, tout en réfutant le cogito à travers le rationalisme de Leibniz. Selon Kant, l’expérience constitue la pierre angulaire de tout système critique sans qu’elle le détermine, de cette manière Kant annonce la nécessité universelle d’une connaissance a priori. Ce nouveau type de jugement fait converger l’esthétique et la téléologie (le fondement même de la raison en tout être vivant). 


Kant affirme que tout type de jugement est a priori, ainsi s’agissant de morale, on peut conclure qu’il s’agit de jugement synthétique tout autant a priori, si bien que la métaphysique des mœurs sera orientée sur la liberté de jugement (la transcendance du soi éthique comme le formule Heidegger) face à ce qu’on pourrait nommer les préjugés moraux, qui d’ailleurs chez Nietzsche seront assommés à coups d’aphorismes appliqués notamment dans « Aurore » etc. 

 

Mais entrons un peu dans le détail, et précisons d’emblée que l’autonomie kantienne sert de clé de voûte à tout un système critique sur quoi la faculté de juger, elle-même codétenue par la volonté, vient porter la lumière sur le sombre spectre des contraintes morales. L’élément nature n’accorde, à ses acteurs, qu’une place mesurée à la représentabilité des lois qui la régissent, or l’homme semble le seul capable de s’offrir une représentation de ses lois, d’en tirer la symbolique conforme de sa condition existentielle, et ainsi de pouvoir agir en conséquence. Il est l’être raisonnable, cependant soumis par des mobiles venus de la sensibilité, si bien qu’en matière morale il existe bel et bien une raison pratique susceptible de dénoncer l’infaillibilité de la volonté reconnaissante des lois universelles, ses errements seulement parce qu’elle aura cédé à des principes « immobiles » d’une nécessité non plus subjective de la bonté, mais juste objectale. Kant dit qu’il n’est pas sûr qu’on ait jamais commis un seul acte véritablement moral, c’est-à-dire détaché de son inclinaison intéressée. Cette vision est somme toute plus adéquate que l’enchaînement des causes (et des certitudes) chez Leibniz qui conduirait inéluctablement la volonté et sa liberté vers une paresse, popularisée notamment par la philosophie morale.

Car si finalement la raison est soumise par des principes, sans aucun doute concordant à l’universel, commandant sa volonté, il en reste pas moins que l’impératif catégorique, le sentiment moral, doit être désintéressé d’un gain quelconque, sinon quoi l’impératif risquerait une catégorisation sensible,  la pureté du geste et un manichéisme comportemental dans la faculté de désirer à l’égard de ses sensations, et ce faisant au dépend d’autrui. Bref c’est le pivot caractéristique de la volonté humaine et ses devoirs sur quoi Kant attire l’attention. La métaphysique des mœurs est fondée sur la limite que rencontre la volonté face aux commandements moraux. D’accorder à chaque acte la légitimité que lui imposent à la fois la maxime, mais aussi et surtout l’indépendance face à toute influence intéressée.   

 

images (2).jpg

 



03/01/2014
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 7 autres membres