Science-de-la-liaison

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"De l'attitude à prendre envers les Tyrans" - Epictète -

Epictète a semble-t-il parfaitement saisi quel était le ton à employer pour répondre des invectives sur sa personne de « philosophe », aussi bien le titre de l’ouvrage nous égare car il ne s’agit en  rien d’un manuel (anti-tyran) qui aurait fort à-propos traversé les âges pour venir répandre ses concepts pertinents contre un pouvoir fascisant, Epictète répond seulement à ses détracteurs, mais d’une manière assez habile. Expulsé de sa patrie en 90 par l’empereur Domitien, son combat sera toujours celui des stoïciens, il est d’ailleurs avec Sénèque et Marc-Aurèle la mémoire authentique de ce courant philosophique éblouissant, « Supporte et abstient toi » n’est-ce-pas l’accord parfais de la sagesse induit par un regard contemplatif sur la nature, ce ruissellement continu de la raison a saisi  l’antiquité d’une clarté astrale, et montré en quoi l’ataraxie du berceau antique n’était nullement le fruit de récits extraordinaires, à mon sens tout grand Philosophe est forcément stoïcien quelque part, car la méditation devient possible par une modération extatique, béate de son milieu, ainsi le regard est porté au loin. Du coup si le stoïcisme caractérise au mieux l’attitude, ne nous méprenons pas sur la terminaison philosophique, car elle doit bien se dresser à l’endroit où le préjugé autoritaire domine en cinglant de sa lumière conceptuelle le territoire assommé des « scories » populaires, et je dois avouer qu’Epictète nous livre pas forcément la clé, ou du moins quel enseignement, à quelle prétention sa sagesse conduit à la pénétration philosophique – mais tout lecteur comprendra que l’utilité de l’ouvrage est ailleurs – ; en outre je suis convaincu de la sagacité d’esprit d’Epictète, lui comme nul autre, aura saisi la capacité du style protreptique en philosophie, il suffit de relire ses fameux discours ; mais encore une fois lorsque les gens d’esprits doivent se justifier de leur savoir auprès d’ignorants, il en résulte un piètre déballage de mots, où le Philosophe doit répondre d’une noblesse d’esprit alors qu’en définitive on lui reproche une attitude qui n’est en rien au commencement de sa réflexion. En conséquence l’argumentation d’Epictète est essentiellement dirigée dans cet ouvrage sur une portraitisation du non philosophe, d’une paraisse pastichée, il nourrit ainsi ses contradicteurs d’une pâture presque émétique, dont ils se gaveront de manière naturellement inattentive.

C’est fort dommageable car ce despotisme installe une distance entre le pouvoir des idées et le progrès. 

 

Extrait :

 

" (...) - Mais ils n'en seront que beaucoup plus acharnés contre moi.

  - Que veux-tu dire par "contre moi" ? Peut-on nuire à ta personne, ou t'empêcher de faire, des       représentations qui s'offrent à toi, un usage conforme à la nature ?

  - Non.

  - Pourquoi donc te troubler encore et pourquoi veux-tu te montrer craintif ?

    Ne t'avanceras-tu pas plutôt pour proclamer que tu vis en paix avec tous les hommes,

    quoi qu'ils fassent, et que tu te moques principalement de ceux qui croient te faire du tort ?

    "Ces esclaves ne savent ni qui je suis ni où se trouvent pour moi le bien et le mal :

      Il n'y a point d'accès pour eux aux biens qui m'appartiennent".

 

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10/04/2014
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