Science-de-la-liaison

Science-de-la-liaison

"La Démocratie athénienne à l'époque de Démosthène" - MOGENS H. HANSEN

Si l’on veut juger des mérites d’une démocratie, il est requis de scruter à la loupe le fonctionnement de ses institutions, tout en prenant la « mesure » de la participation citoyenne au dispositif en place, la vigueur, la fréquence des réformes, l’état de marche des institutions judiciaires etc. S’agissant de la démocratie athénienne, le phénomène est d’autant plus marquant qu’il remonte à l’antiquité qu’il n’a aucun précédent historique, si l’on veut faire de la démocratie athénienne ce modèle historique, un idéal politique, gardons à l’esprit qu’il s’agissait d’une démocratique locale, le pouvoir du peuple était réellement au peuple, les athéniens participaient tous sans distinction de classe au fonctionnement des institutions, du moins ils étaient libres d’y prendre part, le phénomène distinctif à Athènes se situe justement dans l’étonnante participation du « demos » à la vie démocratique, à quoi il est nécessaire de lier la configuration géographique de l’attique qui a forcément favorisé la genèse du phénomène de démocratie directe, sur les faits nous savons que la réforme administrative de Clisthène - 508 (découpage du territoire en dème : ancêtre du régime communal) a inscrit définitivement la base de la démocratie athénienne. L’aspect rémunérateur des composants institutionnels pourrait en outre laisser croire que la dynamique démocratique a justement été favorisée  par cet indice d’intéressement, devenu systématique, dès lors qu’il s’agissait de faire fonctionner les institutions ou organes démocratiques, de pourvoir à la plupart des fonctions, délibératives (jurés), accordant à l’assemblée athénienne cette fonction dynamique positive qui donnât vie à la « cité » ; d’ailleurs cet angle rémunérateur est parfaitement intégré aux gouvernements modernes, c’est le cadre d’une politique limitative qui consiste à la préservation de l’espace démocratique par le maintien du domaine institutionnel. L’Agora représente ce lieu mythique où pour la première fois un peuple a fédéré son destin autour de l’assentiment général, le citoyen athénien, du plus pauvre au plus aisé, se réunissait à la Pnyx, et pas même les dieux n’auraient pu contester ce lieu commun ou tous se rassemblèrent pour un cause mutuelle combinant des valeurs de souveraineté populaire, de patriotisme, et d’excellence culturelle, cela montre en prime abord la spécificité athénienne, au sens où ce peuple prît conscience de son destin à une époque étonnamment lointaine, et par des procédés qui nous laissent aujourd’hui encore dubitatifs, d’autant que ces systèmes de régulation politique ont toujours cours à notre époque. Clairement si l’on devait faire ressortir les aspects significatifs de la démocratie athénienne, en place des grands humanistes qui ont permis son établissement : Solon, Clisthène pour ne citer qu’eux, ce serait davantage la dimension sociale et culturelle de l’attique en corolaire de l’aspect clivant des institutions, dont c’est l’objet unique de cet ouvrage, car il semble évident que la ferveur participative s’évalue selon le degré de stabilité sociale, chez les Grecs celui-ci fut si exceptionnel qu’on put parler de phénomène ataraxique, or ce qui constitue en premier lieu l’identité citoyenne, c’est aussi et surtout la préhension du macrocosme culturel ; en quoi le Grecs pouvaient-ils se sentir si joyeux dans ce contexte conflictuel incessant des guerres médiques puis du Péloponnèse, sans ce regard lucide sur la vie, ses effets retords, pour cela le périmètre de compréhension du mythe tragique est tout à fait éclairant, au sens où il nous révèle que le peuple Grecs n’était pas inconsciemment immergé dans une catalepsie hédoniste, mais il honorât simplement la vie dans sa substantialité artistique, culturelle et philosophique, la plus authentique.

Si le phénomène démocratique possède en lui-même une essence, prenons à la lettre cette remarque de Rousseau et relativisons les termes du rapport idéologique « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée; elle consiste essentiellement dans la volonté générale et la volonté générale ne se représente point. », en réalité nous ne pouvons évaluer l’indice démocratique qu’au regard des régimes politiques, en quoi les gouvernements mettent à disposition du peuple les outils nécessaires à garantir sa liberté d’expression, le rôle institutionnel prend ici tout son sens et particulièrement au niveau local, on peut aussi admettre que les moyens mis en œuvre dans la typologie des démocraties participatives n’accordent au peuple qu’un moyen fort restreint d’expression se limitant à quelques échéances électorales, encadrées par un cadre légal stricte, d’alternance politique invariable ; l’institutionnalisation du pouvoir accorde-t-elle à chacun, garantit-elle encore, sinon seulement au niveau local, le principe démocratique, le citoyen n’est-il pas devenu étranger au processus décisionnel, de surcroît l’asymétrie inhérente au phénomène de mondialisation n’a-t-elle pas accentué  en ce sens cette dématérialisation du processus décisionnel et de fait délégitimé le principe de délibération populaire.

 la-democratie-athenienne--a-l-epoque-de-demosthene-93073-250-400.jpg

 

 https://mail.google.com/mail/u/0/#inbox/KtbxLthRbBsrClbNqRfNTHLDrQPmxLLLKg

 

COMEDIE SAINT MARTIN



23/12/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 7 autres membres