Science-de-la-liaison

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Analytique du beau - Critique de la faculté de juger. Emmanuel Kant

Je pense que Kant, vis-à-vis de son analytique du beau, a pris une hauteur que ne lui autorise pas la plupart, ou du moins notre époque, puisqu’en réalité son approche du jugement de goût esthétique avoisine la sensation noble,  subjective, éprouvée à la contemplation d’une représentation artistique, réprobation d’un quelconque déterminisme pris à la satisfaction d’un objet. Or si l’on admet que les modes de déterminations (du jugement esthétique) sont aujourd’hui « en partie » affectés aux représentations sensibles d’une réalité rationnalisée par le phénomène de mode, on admettra que le jugement esthétique comporte cette part d’inclinaison populaire, nous incitant à la réflexion, à poser les bases d’un changement d’attitude envers la nature et ce qu’elle nous offre de plus merveilleux, d’autant plus qu’une esthétique sans réel rapport à la nature me semble totalement hors sujet, on ne peut réellement accorder un jugement de goût « authentique » en étant coupé de son état, et encore moins faire preuve d’abstraction, sans froisser ces milieux bourgeois non convaincus que leur représentation du beau se présente comme une « qualité » caractéristique de leur condition, j’avancerai seulement à cette « bobo attitude» que le « jugement de beauté se réfère jamais qu’au plaisir ressenti par un sujet sur un objet singulier », contre l’impureté esthétique des beaux discours. D’ailleurs, ce point d’achoppement de l’imagination montre à quel point le sujet comporte des ramifications dans une maïeutique  plus ou moins confuse  où l’appréhension du quotidien traduit une perte de sentiment naturel  à l’égard du territoire sacré, que celui du « gout » : Kant nous indique à juste titre «  que c’est dans la société qu’il est « intéressant » d’avoir du gout ».

C’est finalement le jugement de qualité qui se trouve atteint par ces représentations facsimilées, lesquelles écartent définitivement de l’essence, de l’invitation à la beauté du règne naturel. En sorte, la régularité du jugement esthétique se présente tel un mimétisme où chacun a conscience d’une représentation en faveur d’une satisfaction qu’il pense désintéressée, mais nonobstant assignée au jugement commun guidé par le désir de satisfaction. Car il faut bien comprendre qu’en matière de jugement c’est l’indépendance contre la substance, sans être illusionné de la quiddité naturelle, qui donne au caractère son autonomie suspensive, et par là on rejoint l’autonomie kantienne à la base du tout un système critique sur la « faculté de juger ».

Ayant bien terni le tableau, on peut maintenant penser que le beau ne comporte aucun domaine réservé, ni de « territoire interdit » comme le nomme Kant, mais compte tenu du fait que le mode de représentation obéit à une certaine logique, il est nécessaire d’extraire son jugement de la logique qu’impose la représentation esthétique. Aussi bien, concernant la beauté des traits du visage, le problème s’en écarte, car ici le mode de représentation parvient difficilement à s’affranchir d’une simplification strictement objective liée à la figuration du sujet (rondeur, nez saillant etc…), compte tenu du sentiment de plaisir associé à la perception d’un « objet » de sens, qu’on peut qualifier de darwinisme primitif, à quoi tout jugement de valeur relatif à la beauté est infondé. C’est évident que la sensation de beauté répond à une fin téléologiquement objective, en prime abord, sinon nul sens nous permettrait d’en « juger ». Pour autant la singularité naturelle du jugement de goût n’est conçue que de manière substantiellement subjective, et aucun jugement univoque sur la  valeur des représentations esthétiques ne permet de s’opposer à cette fonction régulatrice et autonome de la raison, en précédant toute fonction d’appréciation comme caractère original et singulier de la personne.

Ainsi, on saisit fort bien  l’endroit où nous mène la réflexion kantienne du jugement sur la beauté, une philosophie hédoniste, morale, où le jugement de valeur est interrogé sur la distinction entre le beau et l’agréable, cette distinction cruciale entre le plaisir anticipé que produit un désir de satisfaction et montre le périmètre éthique de la considération subjective de la beauté qui se situe avant tout dans notre rapport à l’élément nature dans sa contemplation la plus désintéressée.

 

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05/03/2014
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